Le Maroc choisit les armes en réponse à la colère du peuple colonisé

COMMUNIQUÉ

Pas d’armes contre la colère d’un peuple

L’armée marocaine est entrée le 13 novembre 2020 dans la zone démilitarisée à Guerguerat au sud du Sahara occidental. Elle a attaqué le campement des civils sahraouis qui bloquaient depuis le 20 octobre, la brèche ouverte par le Maroc dans cette zone-tampon pour y faire transiter les ressources halieutiques et agricoles qu’il exploite illégalement.
C’est la quatrième fois depuis septembre 1991, que le Maroc rompt les conditions de l’accord de cessez-le-feu signé après seize années de guerre avec le Front Polisario. Le Front Polisario avait apposé sa signature contre la promesse de l’organisation d’un référendum fixé à l’époque en janvier 1992.

Les rois Hassan 2 puis Mohamed 6 n’ont eu de cesse de faire repousser l’échéance redoutée pour profiter d’une situation « ni guerre, ni paix ». Elle a permis d’installer une colonie de peuplement de centaines de milliers de Marocains et de développer, en toute illégalité, le pillage des ressources naturelles de ce territoire non autonome : phosphate, sable, produits de la mer et agricoles.

Cette fois l’armée de libération nationale sahraouie a répliqué aux graves provocations du colonisateur, qui refuse d’entendre la colère d’un peuple qui s’est exprimée pacifiquement à Gdeim Izik comme à Guerguerat. Un peuple qui attend depuis vingt neuf ans la réalisation de la promesse onusienne d’accéder à l’autodétermination, alors que sous ses yeux, ses ressources naturelles sont exportées malgré les arrêts de la Cour européenne de justice en application du droit international.

Le Conseil de sécurité porte une lourde responsabilité dans cette situation. Il est en défaut d’appliquer la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU du 14 décembre 1960 sur « l’octroi à l’indépendance des pays et peuples coloniaux » qui « proclame solennellement la nécessité de mettre rapidement et inconditionnellement fin au colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations ».

Le Conseil de sécurité a cautionné les entraves du Maroc au travail de la MINURSO, la brèche en est un exemple : les quatre envoyés spéciaux de l’ONU qui se sont succédés, ont demandé en vain qu’elle soit refermée. Leurs démissions expriment d’ailleurs cette paralysie organisée. En 2016 le roi Mohamed 6 a expulsé la composante politique et administrative de la MINURSO chargée de préparer le référendum. Le Secrétaire général de l’ONU a demandé son retour, elle n’est toujours pas complète à ce jour. Malgré ces atermoiements la liste électorale a été arrêtée et ne nécessite qu’une mise à jour. Mais le Maroc n’admet qu’une alternative dans ce référendum : l’autonomie au sein du royaume, option soutenue par la France qui pèse de tout son poids pour empêcher que la MINURSO soit dotée d’un volet de surveillance des droits de l’homme comme le recommandaient les ONG internationales, en particulier dans les zones de conflits armés. Depuis sept années aucun observateur ou professionnel de l’information ne peut séjourner au Sahara occidental occupé : 283 personnes venues de 20 pays et de 4 continents ont été expulsés par le régime colonial. Le correspondant de l’agence espagnole EFE en poste au Maroc n’a pas été autorisé à se rendre à Guerguerat.

L’AFASPA, solidaire du peuple sahraoui, demande solennellement

– Au Conseil de Sécurité de l’ONU d’organiser dans les plus brefs délais un référendum qui applique l’expression libre et authentique de la volonté des populations du Sahara occidental.

– A l’Union Africaine de jouer pleinement son rôle pour le droit à l’autodétermination du seul peuple du continent qui n’a pas encore pu se prononcer sur son destin.

– Au gouvernement français d’adopter une attitude constructive dans ce processus de décolonisation dans le plein respect de l’esprit de la résolution 1514 de l’Assemblée générale des Nations Unies.

– Au royaume du Maroc de respecter les droits de l’homme dans la partie qu’il occupe du Sahara occidental et de se soumettre à la volonté de des Nations Unies de « mettre rapidement et inconditionnellement fin au colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations » en s’asseyant à la table des négociations.

Bagnolet le 15 novembre 2020