Document d’orientation

Document d’orientation 2015

Document d’orientation

Document d’orientation

Née durant les luttes d’indépendances en Afrique, l’Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique, organisation anti-colonialiste, a apporté son soutien et son aide aux démocraties africaines confrontées aux exactions de la politique française en Afrique qui s’opposait aux indépendances.

Dans le même temps, l’AFASPA, dans le cadre d’un rassemblement pluraliste, a mené avec ses militants une bataille politique d’information, d’éducation, de débats et de luttes avec le peuple français pour que le continent africain s’émancipe dans la liberté, la justice, la paix, le progrès social et la démocratie.


Si sur le plan politique, la France a été contrainte de permettre aux peuples d’Afrique d’accéder à l’indépendance, elle a maintenu une présence politique, économique et militaire, favorisant la mise en place de dictatures et procédé à l’élimination des hommes politiques africains démocrates qui poursuivaient la lutte pour la libération totale de leur pays.

Aujourd’hui, malgré ses richesses naturelles, le continent africain demeure le plus pauvre.

Les héritages coloniaux ont laissé un continent qui a créé des fractures sociales importantes par un redécoupage des frontières qui répondait d’abord à une ambition capitaliste.

La chute du mur de Berlin a modifié l’équilibre des forces dans le monde, l’économie libérale s’est imposée partout dans le monde.

L’Afrique s’est trouvé affaiblie, notamment lui imposant des accords OMC qui ne lui permettent pas d’être égal à égal avec tous les pays.

La ligne force qui est imposée est celle de la mondialisation, ses règles de concurrence et de privatisation des secteurs publics. Elle n’a pas montré son efficacité pour le développement, au contraire la pauvreté ne fait que s’accélérer.

Pour autant, l’Afrique a des potentialités : ses richesses naturelles et ses populations. L’Afrique se construit à partir de son histoire, de ses traditions, sa modernité c’est rassembler les peuples d’Afrique autour d’un projet qui ne peut être les modèles occidentaux. Sa force réside dans sa population, notamment l’engagement et l’action des femmes et la jeunesse qui est l’espoir de l’Afrique de demain qui passera inévitablement par la démocratie.

Elle a bien entendu beaucoup d’obstacles à surmonter, se libérer totalement des dominations extérieures, se libérer de toutes les dictatures qui continuent d’une manière ou d’une autre à corrompre les pouvoirs en place, se libérer de l’emprise des multinationales qui pillent le pays pour répondre exclusivement à l’accélération du profit et la financiarisation dans les pays du nord.

L’AFASPA est aujourd’hui plus que jamais utile ; elle est un des maillons entre les peuples d’Afrique et l’Europe pour imposer de nouvelles relations utiles pour les deux continents.

L’Afrique ne se construira pas de l’extérieur, ce sont les Africains eux-mêmes qui décideront les choix de transformations de leur continent.
Si l’Afrique a besoin de l’Europe, l’Europe a besoin de l’Afrique.

Il nous appartient en conséquence, tous ensembles, de travailler pour de nouvelles coopérations.

La manière différente que nous devons porter aujourd’hui sur l’Afrique, c’est une attitude nouvelle de regard, d’écoute pour connaître l’Afrique. Mais mieux connaître l’autre, c’est aussi mieux se faire connaître, c’est ce qu’on appelle l’échange. Echange comme espace d’émergence pour construire quelque chose d’autre.

Du berceau de l’humanité, l’Afrique a connu un essor important, puis durant des siècles elle a connu les traites négrières, l’esclavagisme, la colonisation et les multiples dominations qui se poursuivent aujourd’hui.

Il ne s’agit pas de poursuivre l’apitoiement sur ces réalités qui ont coûté la vie à tant d’Africains, mais c’est dans cette histoire comme dans celle de l’Europe que nous devons les dépasser et avancer d’autres possibles, mettant l’homme au centre des préoccupations.

Ainsi, l’activité de l’AFASPA repose sur les fondements suivants :

– poursuivre l’action engagée depuis 1973 pour la décolonisation politique, économique, militaire, faire que tous les Etats africains deviennent totalement des nations souveraines et indépendantes,

– poursuivre l’action engagée pour établir la vérité historique sur le colonialisme français et ses conséquences pour l’Afrique et pour notre pays,

– exiger des pouvoirs politiques en France et en Europe l’établissement de nouveaux rapports politiques, économiques, culturels; migratoires, écologiques, permettant aux deux continents de favoriser des échanges utiles et nécessaires pour affronter le capitalisme dont le seul objectif est la recherche de profits se détournant de la réponse aux besoins pour l’homme

– l’AFASPA soutient l’émergence de forces démocratiques dans les deux continents pour construire les solidarités, renforcer la paix, assurer l’émancipation de tous les êtres humains,

– la lutte contre la dette doit s’intensifier ; si le G8 en 2005 a effacé la dette et le service de la dette pour 18 pays pauvres très endettés, cela représente seulement 40 milliards d’euros sur 2 000 milliards au total ; seulement les liquidités dans le monde s’accroissent et voient un retour à l’emprunt pour ces pays. La réponse, c’est l’investissement pour le développement,

– le développement est au cœur de l’évolution des sociétés et du bien-être des hommes.
Il appartient aux Africains de chaque pays de décider démocratiquement du type de développement qu’ils comptent mettre en œuvre pour assurer la santé, l’éducation, s’approprier les techniques et technologies permettant l’existence d’infrastructures (énergie : électricité et eau), transports, hôpitaux, écoles et moyens d’assurer la protection des individus et le fonctionnement de la société. Il y a nécessité à la fois de repenser l’aide publique au développement et son niveau.

L’AFASPA se doit d’être utile, c’est-à-dire être attentive et à l’écoute pour être force de propositions en direction des pouvoirs publics français et européens afin de développer des coopérations agricoles, industrielles, universitaires, de recherches utiles pour les deux continents.

Le continent africain recèle dans son sous-sol des richesses naturelles importantes. Leur exploitation depuis des décennies, et notamment le pétrole et le gaz, a été récupérée par les pays du nord ; ces richesses s’épuisent et les richesses qu’elles ont créées n’ont pas été mises au service au développement du continent.

L’AFASPA réaffirme que ces richesses appartiennent aux peuples, que leur exploitation doit être rémunérée au prix de leur utilité. Les multinationales ont engrangé d’énormes profits qui ne sont utilisés qu’à seule fin de la spéculation financière.

L’AFASPA exige que ces multinationales restituent une part de ces profits aux nations africaines.
Aujourd’hui la crise financière internationale touche toutes les populations d’abord les plus pauvres, en Afrique comme en Europe, mais également des salariés qui perdent leur emploi, et dont les salaires sont amputés par les dépenses de logement.
Ce sont les banques qui sont totalement responsables. Au lieu d’assurer leur rôle d’aide à l’investissement et au crédit, elles se sont aventurées dans des spéculations toxiques. Les états se sont préoccupés de renflouer financièrement les banques au prétexte de sauver l’économie sans contre partie. Par contre ils refusent aux salariés et aux populations les moyens de faire face aux conséquences de la crise.
Cette crise c’est la crise du capitalisme. Il faut se manifester pour imposer un autre modèle économique qui porte sur l’investissement, l’emploi, les services publics et la démocratie.
La question du développement en Afrique est décisive pour l’avenir des populations. Il appartient, en conséquence, que les formes de développement soient définies et arrêtées par les peuples eux-mêmes. Pour l’AFASPA, elle apportera sa contribution en s’appuyant sur les forces progressistes qui se manifestent sur le continent. Elle aura, par ailleurs, à interpeller les instances représentatives de l’Etat français et de l’Europe pour répondre à ces attentes.

L’AFASPA exige le retrait de toutes les forces militaires et étrangères installées sur le continent africain et la fermeture de toutes les bases militaires françaises et autres, en Afrique (exemple : ) Djibouti.

Il appartient aux Etats africains de définir les moyens pour assurer leur sécurité dans le cadre de l’union africaine pour définir les coopérations nécessaires empêchant corruption et constitution de mafias. La France doit quitter militairement l’Afrique et faire des propositions, tant dans le domaine matériel que de formation, et dans la transparence.

Il appartient à la seule Assemblée Générale des Nations Unies de décider et faire appel à des contingents étrangers pour exclusivement assurer le maintien de la paix civile.

L’évolution des institutions internationales est une nécessité pour tous les continents. Il faut en finir avec le système capitaliste. Il faut réformer notamment la Banque Mondiale, le FMI, l’OMC qui sont des institutions dont le caractère, aujourd’hui, est d’accompagner les impérialismes économiques au détriment du développement humain.

L’assemblée générale de l’ONU doit acquérir de nouvelles prérogatives et se doter d’un exécutif qui respecte les nations et qui ne dépende plus de droit de veto des pays économiquement dominants.

L’AFASPA se prononce pour une autre politique de migration.-entre l’Afrique et l’Europe- L’immigration est, pour la France comme pour l’Europe, une chance et non une menace. La liberté de déplacement est un des droits de l’Homme proclamés par la Charte de 1948. Mais ce droit, pour s’exercer réellement, doit s’accompagner de la possibilité réelle de vivre de son travail dans son pays quand on le désire. Les peuples africains ont besoin de développement industriel et agricole, seul moyen de lutter contre les drames actuels de l’Afrique : chômage, pauvreté du plus grand nombre, pillage des ressources non renouvelables, absence d’industries de transformation, qui contraignent à l’émigration.

Les immigrés créent dans notre pays des richesses, les emplois qu’ils occupent créent d’autres emplois qu’occupent les salariés de notre pays.

Les peuples européens ont donc tout intérêt à engager les initiatives de coopération. Cela impose une autre conception de la gouvernance de l’Union européenne dont notre pays a dit majoritairement NON à une constitution animée par un projet libéral.

La priorité de l’AFASPA est d’établir des solidarités avec les mouvements progressistes d’Afrique, associations, partis, syndicats etc…

L’AFASPA doit être force de propositions. Elle se veut modeste mais entend bien faire passer son message singulier pour autant elle n’a pas la prétention d’agir seule ; il existe d’autres associations qui, dans leur démarche, sont complémentaires. Tout en gardant son originalité, elle doit travailler en partenariat avec toutes les associations et collectivités qui s’investissent aux côtés des peuples d’Afrique.

Demain, il faut qu’elles se saisissent de toutes les opportunités, par exemple avec les associations qui ont pour seul intérêt le développement de l’Afrique, sont un point d’appui pour favoriser les émergences de démocratie, l’AFASPA doit y être présente pour les fortifier et ouvrir des convergences.

Les peuples d’Afrique, à juste titre, veulent éviter les risques écologiques entraînés par le mode de développement industriel importé d’Occident. Mais ce souci justifié ne peut en aucun cas servir d’argument contre la croissance industrielle nécessaire au développement de l’Afrique.

La démarche de l’AFASPA pour assurer son activité.

L’AFASPA, c’est un rassemblement de personnes qui ont des engagements professionnels, syndicaux, politiques, religieux animés par la conviction que sans l’Afrique, il ne sera pas possible de construire un autre monde d’émancipation, de paix, de justice, de solidarité et de fraternité. Ainsi, est-elle ouverte à toutes celles et ceux qui portent cette même ambition.

Il appartient à chacune et à chacun d’entre nous d’être un relais, une source d’informations des réalités que l’on perçoit pour remettre en cause les politiques et actions qui vont à l’encontre des intérêts vitaux des peuples d’Afrique et d’où qu’elles viennent, de l’Etat français, de l’Europe, des gouvernants africains et autres institutions internationales et régionales.
Chacune et chacun de ses adhérents peut être à l’initiative pour animer, coopérer, rassembler, agir. Autour de projets de diffusion de nos expositions, de débats, de soirées cinéma, des campagnes de pétitions, manifestations, partenariats, avec les syndicats, comités d’entreprises, collectivités locales, régionales, les écoles, les universités.

C’est dans les comités AFASPA locaux, qu’ensemble nous serons plus forts pour porter collectivement ces valeurs.

L’AFASPA doit contribuer à rétablir la réalité de ce continent dans toutes ses dimensions.

Au-delà de tout ce qui nous revient au travers de la presse au quotidien, il y a une Afrique nouvelle qui émerge : les luttes s’intensifient, les résistances s’élargissent, les actions de solidarité et de transformations émaillent le quotidien
On le voit notamment au travers du rôle essentiel des femmes africaines qui interviennent dans toutes les transformations qui s’opèrent tant dans le domaine social, économique, sociétal que culturel.

Cette démarche s’est nourrie de l’engagement de ces milliers de progressistes aux premières heures des décolonisations. Enfin, l’Afrique change parce que sa population est aujourd’hui majoritaire parmi les pauvres. Elle change aussi par cette jeunesse en pleine émergence et qui la transforme. C’est avec eux que l’Afrique moderne émergera.

L’AFASPA, solidaire et engagée, est à leurs côtés.