Utilisation des armes chimiques au cours des guerres coloniales françaises

Ils l’ont échappé belle les ouvriers et riverains des usines françaises qui fabriquaient les armes chimiques qui ont servi aux guerres coloniales françaises. Si des puissances étrangères s’étaient arrogé le droit de bombarder la France en représailles de ces bombardements sur les populations civiles. Il faut ajouter à la liste les bombardements de l’opération « Lamantin » en 1977 sur les combattants sahraouis qui ont fait des dégâts collatéraux sur un campement, tuant deux femmes sahraouies et la fourniture par la France de napalm et de phosphore blanc à l’armée marocaine lors de l’invasion du Sahara occidental en novembre 1975 où les villages de Umdrega, Amgala et Tifariti furent bombardés ainsi que les populations qui fuyaient dans le désert pour se réfugier en Algérie.


Question écrite n° 04697
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> M. Pierre Laurent attire l’attention de Mme la ministre des armées sur les agissements de la France au sujet des armes chimiques, contraires à ses engagements internationaux.
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> Le 16 avril 2018, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères affirmait que « la France a toujours été à la pointe du combat contre les armes chimiques, depuis la bataille d’Ypres, en 1915. » Or la France a, à de nombreuses reprises, agi en contradiction avec ses engagements internationaux en la matière.
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> Au cours de la guerre du Rif (1921-1926) un atelier de fabrication d’obus chimiques fut installé avec l’aide de spécialistes français à Melilla au Maroc au bénéfice de l’armée espagnole.
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> Le napalm fut utilisé lors de la guerre d’Indochine. Cela a été le cas à la bataille de Pho Lu en février 1950 et à la bataille de Vinh Yen en janvier 1951 par exemple. Dans les années qui suivirent, le napalm fut régulièrement utilisé comme par exemple à la bataille de la Rivière noire (décembre 1951 à janvier 1952) et à Dien Bien Phu dès novembre 1953.
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> Pendant la guerre d’Algérie le napalm fut utilisé notamment lors des opérations Aloès (décembre 1954), Véronique (janvier 1955) et Ariane. L’usage du napalm devint de plus en plus fréquent notamment lors de l’exécution du plan Challe du 6 février 1959 au 6 avril 1961.
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> En Algérie toujours, le gaz sarin a fait l’objet d’essais sur le terrain au mépris des engagements internationaux de la France à la base B2-Namous notamment et ce, jusqu’à bien au-delà de la date de l’indépendance de l’Algérie.
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> Cinq années après l’indépendance de la Tunisie, de graves combats opposèrent les forces françaises, qui étaient restées sur la base de Bizerte, et des soldats et civils tunisiens. Dans ce cadre un usage de napalm par l’armée française est attesté le 22 juillet 1961 dans une zone urbanisée.
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> Par ailleurs lors de l’insurrection de l’Union des populations du Cameroun (UPC) – menée au Cameroun indépendant mais lié à la France par des accords militaires – l’aviation est intervenue de façon fréquente et massive. Le largage de napalm sur des zones rebelles est évoqué par de nombreux témoignages bien que les archives soient inaccessibles à ce sujet.
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> L’ensemble de ces agissements, dont certains constituent des crimes de guerre, n’a jamais été reconnu, ni condamné officiellement. Pourtant ils sont partie prenante de ce que le chef de l’État appelait lui-même les crimes de la colonisation. Par ailleurs toutes les archives les concernant ne sont pas ouvertes.
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> Il lui demande ce que la France compte faire en vue de reconnaître et condamner officiellement tous ces agissements, dont certains sont des crimes de guerre, et d’ouvrir les archives à leur sujet en vue de pouvoir faire un bilan le plus détaillé possible.
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