Togo : Comme au « bon vieux temps » de la colonisation !

Le candidat-président l’avait promis, le Président l’a confirmé : la France doit établir de nouvelles relations avec ses anciennes colonies car il faut rompre avec les pratiques entretenues depuis les indépendances, d’ailleurs la preuve : il (le Président) a annoncé le retrait des troupes françaises basées en Afrique ! Mais que faisait donc le colonel Romuald Letondot ce 10 août 2010 à Lomé, capitale du Togo ? Selon l’ambassade de France, qui ne saurait mentir, il passait « fortuitement » en voiture près d’un rassemblement de l’opposition togolaise (interdit)où étaient déployées les forces de police qui entravent depuis des semaines toute manifestation des opposants au régime Eyadema fils.


La malchance pour le colonel français, conseiller du chef d’état-major de l’armée de terre du Togo, le journaliste Didier Ledoux, collaborateur du quotidien Liberté, a pris en photo notre colonel entrain de donner des ordres aux forces de répression (le qualificatif est plus exact que « forces de l’ordre »). Pas content du tout le militaire, qui, confondant « journaliste » et « paparazzi », intime l’ordre de supprimer la photo, ce que l’impudent professionnel de l’information refuse, campé dans son gilet « Presse » offert par l’ONU ! Que restait-il à notre brave piou-piou pour sauvegarder sa pudeur ? Les menaces. Ce qu’il fit bien à contre cœur en évoquant le spectre du Régiment des commandos de la garde présidentielle (de charmants garçons chargé de rappeler la notion de droit de l’Homme et de la presse au Togo) et de casser l’outil de travail, par lequel le scandale arrive.

La chance n’était décidément pas au rendez-vous ce jour-là pour notre colonel. Un esprit malveillant a filmé la scène et nombre de sites internet l’ont reprise, et la voilà qui tourne en boucle depuis lors sur la toile. Ce qui met bien dans l’embarras des autorités françaises (qui viennent de fêter les indépendances africaines à grand renfort de dictateurs), contraintes à sanctionner notre militaire de « 10 jours d’arrêt » pour « atteinte au renom de l’armée française » (qui ne comptait qu’un catalogue d’œuvres de charité en Afrique depuis la conquête civilisatrice du continent et une coopération in-intéressée cinquantenaire). Espérons que cet épisode permettra au colonel de comprendre, comme le précise le porte-parole du Ministère de la défense, que son attitude « ne correspond ni de près, ni de loin à ce que sont nos valeurs et à notre conception (…) de la liberté de la presse ».

De quoi rendre schizophrène l’esprit le plus sain des militaires français qui coopèrent en Afrique pour préserver de tout changement à la tête des pays INDEPENDANTS.

Michèle Decaster

Ne manquez pas la vidéo de l’altercation entre le colonel et le journaliste togolais :
http://www.rue89.com/2010/08/11/video-genante-quand-un-officier-francais-menace-un-journaliste-togolais-161834