Mohamed VI reçu par Hollande

François Hollande, président de la République, a reçu Mohamed VI en entretien et en catimini, le jeudi 24 mai 2012, au Palais de l’Elysée. Les Français n’ont pas élu François Hollande pour qu’il fasse du roi du Maroc le premier chef d’état étranger reçu à l’Elysée.


Cette réception a surpris… car l’histoire d’amour entre le royaume marocain et la droite sarkozienne a fait son temps. D’autant que, selon le site Slate Afrique, « Arnaud Montebourg mais aussi François Hollande lui-même ont vivement critiqué certains aspects de la coopération économique avec le royaume : les largesses de l’Agence française pour le développement (AFD), le contrat contesté du TGV, l’implantation de Renault à Tanger vécue comme une délocalisation dommageable, des accords agricoles avec l’Europe défavorables aux petits exploitants des deux rives… ».

Mais, surtout, Mohamed VI, lui-même, s’est mis en porte-à-faux avec les Nations-Unies sur la question du droit international relatif au territoire non autonome du Sahara Occidental, en réfutant la légitimité et l’honnêteté de Christopher Ross, envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, au Sahara occidental, en raison de ses déclarations soit disant « partiales et déséquilibrées » en faveur du Polisario.

Néanmoins, selon Slate Afrique du 25 mai dernier, la divulgation, au lendemain de la prise de fonction de Jean-Marc Ayrault, nouveau premier ministre, d’une lettre datée de mars 2011 a créé quelques remous : cette missive du député-maire de Nantes, à l’Association des amis de la République Arabe Sahraouie Démocratique (AARASD), réitérait le soutien du PS à « l’autodétermination du peuple sahraoui » et qualifie l’administration du Sahara Occidental par le Maroc « d’occupation du territoire ». Rappelons par ailleurs que Jean-Marc Ayrault, du temps où il était président du groupe socialiste à l’Assemblée, a reçu au plus fort du Printemps arabe les nouvelles figures de la contestation marocaine.

Mohamed VI voulait être reçu à tout prix à l’Elysée : il a été l’un des tous premiers chefs d’état à féliciter le nouveau locataire de l’Elysée au téléphone, avant de rendre public un communiqué des plus chaleureux ensuite les réseaux « marocophiles » au sein du PS français et la diplomatie parallèle du royaume ont agi.

Si « Le changement, c’est maintenant », François Hollande doit clairement cesser tout soutien inconditionnel de la France à la monarchie marocaine qui s’enrichit au dépend de son peuple, colonise et réprime le peuple du pays voisin. La France doit enfin contribuer à régler la décolonisation inachevée du Sahara occidental dans le respect de la Charte de l’ONU, qui prévoit le droit imprescriptible et inaliénable à l’autodétermination du peuple sahraoui.

Bagnolet, le 29 mai 2012