MALI : VERDICT DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE, LES REQUÊTES ABOUTIRONT-ELLES ? [ Source : Radio Kayira, La radio des sans voix (http://www.kayira.org/), jeudi 2 août 2007 ]

MALI : VERDICT DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE, LES REQUÊTES ABOUTIRONT-ELLES ?

[ Source : Radio Kayira, La radio des sans voix (http://www.kayira.org/), jeudi 2 août 2007 ]


Les Maliens sont dans l’attente de la proclamation définitive par la Cour Constitutionnelle des résultats du second tour des élections législatives du 22 juillet dernier. Une proclamation qui sera un test décisif pour la crédibilité du scrutin.

Selon plusieurs indiscrétions, la Cour Constitutionnelle est assaillie par une pluie de requêtes provenant de candidats ou de leurs mandataires.

Ces plaintes portent essentiellement sur des cas de fraudes, d’achat de consciences, de corruption, et de collusion entre les autorités administratives et politiques pour faire basculer l’issue du scrutin en faveur d’un camp.

Si au premier tour, la Cour a systématiquement rejetée les 296 requêtes formulées par les candidats, elle doit impérativement donner suite aux nombreuses requêtes au risque de se discréditer irréversiblement aux yeux de notre peuple, de plus en plus excédé par des pratiques de corruption et d’achat de consciences des citoyens.

Le vote n’est plus une arme de sanction, ni un moyen ultime de changement de choix et d’orientation politique. Le citoyen malien constate désabusé cette triste réalité qui s’institutionnalise malheureusement dans notre système de gouvernance.

Au cours de ces élections on aura tout vu :

Des remorques convoyant des tonnes de sucre, de savon, de thé, se défonçaient dans les pistes accidentées dans le pays profond, escortées par des candidats sans âme, ni moral.

Des moulins, des motos distribués à la pèle pour charmer des électeurs affamés réduits à la mendicité, la précarité, le mal-vivre, à cause des politiques de sujétion aux institutions financières internationales, inspirées d’ailleurs par beaucoup de ces candidats, transformés en marchands d’illusions.

On a vu également des ministres de la république bourrés d’argent descendre dans la zone de l’office du Niger organisant une alliance contre un parti qui les empêche de tourner en rond.

Cette mission fut confiée à un second couteau qui s’est chargé de traduire cet objectif vital. Malheureusement, il n’a pas été atteint, malgré l’énorme armada financière et logistique de cette oligarchie foncière qui voyait dans la poussée électorale du parti SADI la fin de ses rêves.

Le préfet de la localité de Niono se sera battu comme un beau diable.

La sanction populaire contre l’oppression administrative et politique a été éloquente, massive et sans appel.

C’est parce qu’à Niono et à Kolondièba une nouvelle forme de résistance contre la fraude et le vol s’est exprimée à travers un nouveau concept opératoire particulièrement efficace : les brigades « anti-fraudes ».

Mises sur pieds en réaction aux multiples tentatives d’instaurer un ordre politique et social contraire aux valeurs de dignité de notre peuple, les « brigades anti-fraudes » au delà de leur caractère spontané apparaissent de plus en plus comme un projet politique novateur visant à reconstituer l’esprit d’engagement des citoyens.

C’est cet esprit que la Cour Constitutionnelle doit défendre pour freiner le processus de décomposition morale et politique de notre pays.

Si, comme au premier tour, elle ferme les yeux sur la collusion entre l’administration et certains partis politiques, elle ouvre grande les portes de l’incertitude et de l’aventure.

Par Nouhoum Kéita