La Lettre de l’AFASPA mai 2021

ÉDITORIAL – Un mois de mai en noir et rouge.

Document complet en pièce attachée

UN MOIS DE MAI EN NOIR ET ROUGE

Le mythe napoléonien a la peau dure

Les trompettes de la renommée ont résonné fort pour annoncer la célébration du bicentenaire de la mort de Napoléon, «le plus grand tyran de France, icône de la suprématie blanche» comme le qualifie la chercheuse américaine Marilyn Daut.
L’imagerie distillée dans les manuels scolaires de l’école de Jules Ferry, éminent colonialiste, a glorifié les campagnes napoléoniennes qui ont semé mort et destruction en Europe, dans les colonies et au Proche orient. Aujourd’hui, on donne quelques échos aux voix dénonçant les crimes contre l’Humanité de ce mégalomane brutal qui a fait par ailleurs reculer les principes humanistes des Lumières, en rétablissant l’Édit royal de 1685 ou Code noir ainsi que l’esclavage, sous la pression des colons, armateurs et négociants, frustrés par l’abolition de 1794, mais aussi par son entourage de partisans de l’esclavage qui a repris de plus belle ainsi que la traite négrière abolis par la Première République .

Dans son bras de fer avec l’Angleterre pour lui « barrer la route des Indes », Bonaparte a monté l’expédition en Egypte dont l‘Histoire mettra en valeur la collecte d’informations scientifiques et historiques et retiendra le fameux « Du haut de ces pyramides… etc », un arbre qui cache la forêt du désastre militaire de cette aventure qui a mobilisé une flotte de 300 bateaux (presque entièrement détruite par l’amiral Nelson) et 36 000 soldats dont 10 000 sont morts. Les victimes en Egypte, en Palestine et en Syrie se comptent par milliers auxquelles il faut ajouter les pillages et destructions de patrimoine.

Beaucoup d’encens sur la création du Code civil, et silence pudique sur l’annulation des acquis accordés par la République à l’enfant et à la femme, assimilée à un être mineur, placé sous la tutelle de son mari ou de son père tant qu’elle n’accède pas au rang d’épouse.

Le 22 mai à Paris

La Dynamique Unitaire Panafricaine, des organisations de la société civile contestant l’ordre mondial, s’est mobilisée pour une Afrique indépendante et digne, en réplique à la tenue du sommet voulu par le Président français sur le financement des économies africaines où « indépendance » et « dignité » ne caractérisaient pas la quinzaine de dirigeants du continent (au-delà du pré carré), ayant répondu à la convocation pour un « New Deal », sensé sortir le continent de l’asphyxie financière, avec pour réanimateurs : le Fonds monétaire international, la Banque Mondiale, le Conseil européen ! Des promesses d’aides aux pays africains ont été faites à la fin du sommet mais aucun engagement ferme n’a été pris. La perspective de croissance devrait quoi qu’il en soit, satisfaire les appétits des multinationales et autres fonds de pension.

Place de la République, les drapeaux se côtoyaient : Tchad, Cameroun, Djibouti, Congo, Niger, Mali, Gabon, Tunisie, Guinée équatoriale… les banderoles et pancartes affichaient « Oui à la souveraineté politique, économique et culturelle de l’Afrique » « Les marionnettes africaines au service du système français, tenez compte de l’avis de vos peuples avant de négocier ou dégagez ! » « Non à la Françafrique ». Après avoir lu la déclaration commune de la DUP, Augusta Epanya, membre de l’UPC-Manidem, a souligné la nécessité de rassembler, d’unifier les buts et les forces progressistes panafricaines pour sortir le continent des griffes impérialistes entre lesquelles il continue d’être enserré 60 ans après les indépendances, sans souveraineté.