DOUBLE PEINE D’OMAR RADI

Après avoir écopé injustement de six ans d’emprisonnement, lourde peine prononcée le 3 mars 2022 par la Cour d’appel de Casablanca dans deux affaires instruites conjointement et condamnée par toutes les organisations de défense des droits humains, le jeune journaliste d’investigation Omar Radi vient de subir une seconde peine de la part de l’Administration pénitentiaire.

Sans préavis et sans informer sa famille et ses avocats, l’Administration des prisons a décidé ce 1er avril le transfert d’Omar Radi à la prison de Tiflet, connue par son surpeuplement et ses conditions exécrables et inhumaines. Et avant de procéder à ce transfert forcé, décidé certainement ailleurs, la direction de la prison Oukacha lui a confisqué toutes ses correspondances, ses carnets et ses écrits.

À la souffrance de la privation de liberté et de l’isolement s’ajoute celle de l’éloignement qu’inflige l’Administration pénitentiaire à Omar Radi et à sa famille. Cette double peine s’apparente à une pure vengeance que le Comité France de soutien aux détenus d’opinion au Maroc condamne avec force.

Rien ne peut justifier ce transfert loin de sa famille et de ses avocats dont la plupart relève du barreau de Casablanca. Rien ne justifie non plus son éloignement du centre hospitalier où il était suivi pour sa maladie de Crohn.

Mais rien d’étonnant malheureusement dans cette décision punitive de la part d’une administration pénitentiaire qui s’est illustrée à travers les sorties politico-médiatiques de son directeur général par son parti pris dans les derniers dossiers concernant les journalistes indépendants et les défenseurs des droits humains. Loin d’être une administration d’insertion comme elle le prétend, elle est le bras armé qui prolonge la vengeance de la machine judiciaire qui s’abat sur tout citoyen critique épris de justice, de libertés et réclamant des droits. C’est ainsi qu’elle a foulé aux pieds, entre autres, le droit de Omar Radi de poursuivre ses études.

L’éloignement d’Omar Radi nous rappelle tristement d’autres, tous aussi condamnables, que l’administration pénitentiaire a pratiqués contre d’autres détenus politiques et d’opinion au Maroc.

Nous rappelons que le dossier d’Omar Radi est toujours devant la Cour de cassation de Casablanca. Ce transfert constitue donc une double atteinte flagrante, d’abord au droit de visite de la famille et ensuite aux droits de la défense puisque ses avocats, comme sa famille, auront toute la peine de se déplacer pour bien préparer sa défense.

Tout en condamnant cette décision d’éloignement, le Comité France de soutien aux détenus d’opinion au Maroc assure Omar Radi et sa famille de toute sa solidarité comme il n’a eu de cesse de le faire depuis son arrestation scandaleuse du 29 juillet 2020.

Seule sa libération immédiate et sans condition, ainsi que celle de tous les prisonniers d’opinion injustement condamnés, est la mieux indiquée. Sans elle, nous n’abandonnerons pas cette voie de solidarité.

Communiqué du Comité France de soutien aux prisonniers d’opinion au Maroc
Paris, le 5 avril 2022