Taoufik Ben Brik : une affaire d’Etat et non de Justice

Le journaliste et écrivain tunisien Taoufik Ben Brik a vu sa peine de 6 mois de prison confirmée en Appel ce 30 janiver 2010. Un jugement, issu d’une machination dont les services spéciaux du régime dictatorial de Ben Ali sont experts, qui justifierait des « coups et blessures volontaires, dégradation des biens d’autrui et atteinte aux bonnes mœurs ». Une condamnation qui sanctionne des écrits satiriques hostiles au régime dans les médias français.


Taoufik Ben Brick a été arrêté et incarcéré suite à la plainte d’une femme d’affaire, Rym Nasraoui 28 ans, qui l’accuse d’avoir délibérément embouti sa voiture et de l’avoir frappée et insultée devant deux témoins. Mais elle était absente étonnamment absente tout au long de la procédure ainsi que les deux témoins présentés par cette dernière. C’est en fait une « interview imaginée », parue dans les médias français, avec le président au moment où il annonçait sa candidature pour une réélection, qui a donné une poussé d’urticaire au président-dictateur.

L’opposant au régime, âgé de 49 ans, en très mauvais état de santé, restera incarcéré à 130 km de Tunis où vit sa famille. Outre le pourvoi en cassation, il reste une hypothétique grâce présidentielle, qui ne pourrait intervenir qu’à condition que les amis du dictateur français et autres européens (de droite et malheureusement de gauche) intercèdent dans ce sens.

Son épouse Azza Zarrad, mène un combat courageux pour sa libération. Elle est déterminée à porter l’affaire devant les Nations unies. Elle a été reçue au Quai d’Orsay et au Parlement européen, mais pas par Nicolas Sarkozy ni par son épouse pourtant tous deux sollicités. Azza Zarrad dénonce le régime qui tente de détruire à son mari petit feu du fait de sa santé fragile: « J’ai droit à une visite par semaine. Et ses avocats à aucune. Il me faut cinq heures de route aller-retour pour une visite de cinq minutes. Parfois moins, si l’on parle d’autre chose que de la famille ou de ses problèmes de santé. » Incarcéré dans une cellule collective avec des prisonniers de droit commun il n’a droit à aucune lecture ni aucun moyen d’information, pas même le droit d’écrire. En signe de protestation et pour le faire libérer, ses frères et sœurs, ainsi qu’Azza Ben Brik, ont observé en décembre une grève de la faim.

La Fédération Internationale des Droits de l’Homme, l’Organisation Mondiale Contre la Torture, Reporters Sans Frontières se sont élevés contre cette décision inique d’une justice aux ordres.

Les démocrates tunisiens continuent dans des conditions les plus difficiles à défendre le journaliste comme tous ceux qui élèvent la voix contre un régime qui opprime tout un peuple.

(Logo : Dessin de Charb publié dans l’Humanité)