Sultana Khaya, une héroïne en danger de mort

Le 1er septembre, avec ses deux sœurs, Sultana a fait faire un test antigénique : si Louara est testée négative, Sultana et Um Almouminin Buta sont testées toutes les deux positives à la COVID-19. Les symptômes avaient commencé plusieurs jours avant, et ils ne cessent depuis de s’aggraver. Dès le soir du 2 septembre, Sultana a dû renoncer à brandir le drapeau sahraoui sur le toit de sa maison.


Tout laisse à penser que Sultana et sa sœur ont contracté le virus à l’occasion du raid des agents marocains, la nuit du 22 août, quand ces derniers ont appliqué sur leur bouche et leur nez pendant plusieurs minutes un chiffon imbibé d’un liquide inconnu et leur ont dit : « vous ne tiendrez pas le coup plus de 10 jours. » Agression qui fut le seul contact de la famille avec l’extérieur ces dernières semaines d’août.

Mais Sultana témoigne toujours d’une grande force. Il faut se souvenir de sa tribune sur CNN.com fin juillet : « Je ne trouve pas les mots pour décrire les souffrances sans fin que moi-même, et le peuple sahraoui en général, avons enduré sous cette violente occupation. Mais nous restons forts, notre volonté est inébranlable, et nous persévèrerons dans notre résistance pacifique. »

Résistance qui s’inscrit dans la longue durée de l’occupation. Cette rage impuissante, qui menace une femme et sa famille, est dans la droite ligne de 46 ans de violences : disparitions forcées des années 70-80, procès à charge depuis 1990, et toujours l’interdiction de toute expression publique contraire à la « marocanité » du Sahara occidental.

C’est à ses soutiens, à ses camarades de combat, aux défenseurs des droits humains de lancer une alerte et de dire haut et fort tout ce que cette femme courageuse risque. Pour sa part, le secrétaire général du Front Polisario et président de la République Arabe Sahraouie Démocratique, Brahim Ghali, a écrit[1] dès le 3 septembre au Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, pour souligner que « La situation de Sultana Sid Brahim Khaya et de sa famille, dont la vie est en danger, s’aggrave de jour en jour… Nous vous demandons donc, ainsi qu’au Conseil de sécurité, d’agir de toute urgence pour sauver sa vie et préserver sa famille. » Et il ajoute :  » le Front POLISARIO affirme une fois de plus qu’aucun processus de paix ne sera jamais possible tant que l’État d’occupation du Maroc persiste, en toute impunité, dans ses actions atroces et sa guerre de représailles contre les civils sahraouis et les militants des droits de l’homme ».

Ainsi, 30 ans après le déploiement de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), le peuple sahraoui attend toujours de pouvoir exercer librement son droit à l’autodétermination, droit que lui conteste le seul Maroc. Mais la MINURSO ne dispose pas d’un mandat de surveillance des droits humains. L’occupant marocain peut ainsi en toute liberté exercer son occupation et priver de tout droit et expression les civils sahraouis.

C’est cela qui doit changer, et nous serons attentifs aux actions du Groupe de soutien de Genève pour la Protection et la Promotion des droits humains au Sahara occidental[2], qui ne manquera pas, en cette deuxième quinzaine du mois de septembre où s’ouvre la 48e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, de mener des initiatives fortes en faveur du peuple sahraoui.

Association des Amis de la RASD – bur.aarasd@wanadoo.fr
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