PROCES DES JOURNALISTES ET ANIMATEURS DU RESEAU KAYIRA À NIONO

Procès des Journalistes et animateurs du Réseau Kayira à Niono

Ce mardi 29 août 2006, marque sans conteste le recul de la liberté de la presse dans notre pays. Six ( 6) journalistes et animateurs de notre Réseau comparaissaient au Tribunal de Niono pour « opposition à la décision administrative de fermeture de Radio Kayira à Niono, de programmation d’émissions musicales s’opposant à cette fermeture de nature à en perturber l’ordre public ».

C’est dans une salle d’audience triste, ressemblant à un cimetière de motos, et de ferrailles, que l’immense foule s’est installée. Au total, six (6) longs bancs rangés, et devant, un miniscule support de fer métallique peint d’une main inexperte sert de prétoire aux prévenus. Derrière les fenêtres, un petit champ de mais abandonné et dévoré par les mauvaises herbes.

9 heures 4 minutes, le Tribunal fait son entrée. Le juge Dramane Barré, la mine contrite, et perturbé par une forte présence des journalistes (une douzaine de confrères), adressa quelques amabilités, non sans rappeler les bons rapports entre la presse et la justice. Un rappel qui poussa quelques sourires narquois de confrères pour lesquels, la preuve de « ce bon rapport est la comparition de six journalistes et animateurs de la radio Kayira » devant ce magistrat couché sur le droit et agissant sous les ordres du Gouverneur de Ségou Abou Sow, du Préfet Alassane Diallo. Deux hommes notoirement connus pour leur aversion pour la transparence, et la bonne gestion, et pour leur excès de Zèle pour le Mouvement Citoyen qui leur servirait de marchepied pour gravir frauduleusement les échelons de la haute administration et négocier une place privilégiée dans le système de gestion népotiste et clientéliste du Gouvernement de Amadou Toumani Touré.

Le juge Dramane Barré, acquéreur illégal de plusieurs Hectares de champs de riz retirés à des pauvres paysans de l’Office (Il fut d’ailleurs récusé par l’avocat des Paysans lors du procès contre la Direction de l’Office du Niger), le tristement célèbre Préfet Alassane Diallo dont l’état de service à Djenné est connu de tous, le Gouverneur Abou Sow, s’entendent comme des larrons en foire. Ce trio constitue la clé de voûte d’un système mafieux dont les premiers cercles sont tenus par Youssouf Keita l’ancien PDG, et Halla Touré avec quelques Chefs de Zone aujourd’hui incarcérés.

Leurs pratiques de corruption et d’achat des consciences ne peuvent s’accommoder de la présence de Radio Kayira au cœur même du système. C’est pourquoi, un simple Préfet de cercle peut fabriquer une décision administrative sur un coup de fil d’un Gouverneur pour en imposer à un magistrat. Après tout, ne défendent-ils pas les mêmes intérêts ? Ne sont-ils pas encouragés par la passivité et la complicité du pouvoir de Amadou Toumani Touré ?

Le verdict dicté au juge Dramane Barré est tombé. Malgré la sagacité de nos deux brillants avocats Maître Mamadou Ismaël Konaté et Dramane Coulibaly qui ont démonté en pièce les chefs d’accusation, Amadou Nanko Mariko dit Papa, Administrateur délégué de la Radio Kayira de Koutiala, Sidi Traoré dit Maka Sidi Rédacteur en Chef, Mohamed Diakité dit Papus animateur, Boubacar Diarra membre de la Coordinations des Clubs et Associations affiliés de la radio de Koutiala, Gaoussou Koita et Yaya Coulibaly animateurs à la Radio Kayira de Bamako ont été condamnés à 1 mois de prison ferme et 50.000 Cfa (Cinquante Mille Francs Cfa d’amende).

Dans tous les cas, le procès de Niono a été une victoire politique, morale et psychologique pour le Réseau Kayira et les populations de Niono qui ont compris la perfidie du système, les mécanismes de répression qu’il met en œuvre, et la finalité qu’il recherche. Mais, la grande victoire, c’est cette prise de conscience que ce procès a suicité, ainsi que la certitude d’une victoire des forces démocratiques et populaires sur l’oppression et l’exploitation.

Bamako, le 30 août 2006

La Direction Générale du Réseau Kayira

Dr Oumar Mariko