Pour la souveraineté du Burkina Faso sur les transorts

Ouagadougou – Ce jeudi 3 mars 2022, une marche pour l’annulation de la convention révisée portant gestion du chemin de fer SITARAIL / Bolloré a été organisée. Du rond-point de la bataille du rail au ministère du Transport, en passant par SITARAIL, les manifestants ont battu le pavé pour dénoncer cette convention.


Le poing levé comme pour dire non, pancartes en mains, visages froissés, voici quelques images à retenir de la manifestation de ce jeudi 3 mars 2022. Jeunes, anciens, artistes, activistes, commerçants, travailleurs,… étaient mobilisés avec un seul mot d’ordre : « Bolloré dégage ! » Ces centaines de manifestants révoltés demandaient que la convention entre l’État burkinabè et la société française Bolloré soit purement et simplement annulée. Les manifestants disent ne pas comprendre comment une seule famille peut mettre à mal l’activité de milliers de Burkinabè. « Bolloré a licencié nos frères sans payer leurs droits, il a interdit au train de faire escale dans les communes pour ravitailler nos mamans en provisions », a affirmé Grand docteur, un artiste musicien.

Selon Daouda Ilboudo, président de la Coordination des riverains de la gare ferroviaire à Ouagadougou, aujourd’hui il est reproché à Bolloré sa volonté affichée de revendre sa filiale SITARAIL à un groupe Italo-MSP (Movimento sportivo populare Italia). « Pourtant, le contrat de concession a été signé entre l’Etat burkinabé et Bolloré. Certes, le milliardaire français peut revendre sa filiale mais en tenant compte des clauses du contrat qui exigent qu’il remette d’abord le contrat de concession à l’Etat burkinabé avant de procéder à la vente de sa filiale SITARAIL. Le hic est que cette filiale a des engagements avec le Burkina. Donc, si nos dirigeants n’ouvrent pas l’œil, MSP va acheter la faitière du chemin de fer sans tenir compte des dettes que Bolloré envers l’Etat burkinabè qui s’élèvent à plus de cinq milliards de francs CFA et pour les lancements, il doit près de deux milliards de francs CFA. C’est le sang et la sueur de nos aïeux qui ont été versés sur le champ de la bataille du rail », commente-t-il.

Certains accusent Bolloré d’être en partie responsable du recul économique du Burkina Faso. A ce titre, Dr Nestorine Sangaré, une des organisatrices de la marche, déplore le fait que certains engagements signés ne soient pas respectés. « A cause de la rapacité venue de loin, nous nous sommes retrouvés anéantis économiquement. Bolloré devait assurer l’exploitation technique et commerciale des services ferroviaires de marchandises et voyageurs sur l’axe ferroviaire Abidjan-Kaya. Mais aujourd’hui, les wagons sont monopolisés et nos commerçants ne peuvent plus exporter leurs marchandises en Côte d’Ivoire. Bolloré devait investir 400 millions d’euros pour réhabiliter le chemin de fer, chose qui n’a pas été faite. Il y a des manquements graves dans plusieurs clauses contractuelles relatives au paiement des droits d’usage et des dettes d’investissement. En plus de cela, des hommes et des femmes ont connu une mort précoce car accablés par la pauvreté. Des familles entières se sont appauvries. Neuf gares ont été fermées », assure Mme Sangaré, rejetant la faute à Bolloré.

Elle exige que la gestion du chemin de fer burkinabè soit entièrement remise aux Burkinabè. Elle dira à cet effet qu’« en tant que citoyens du Burkina Faso, nous demandons l’annulation de la convention révisée qui est actuellement le document légal qui lie SITARAIL aux Etats et l’engagement de poursuites judiciaires pour les manquements observés au cours des 27 années de votre gestion scabreuse ».

Dofinitta Augustin Khan

Erwan Compaoré (Stagiaire)

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