Mise à jour de la déclaration » d’amitié et de coopération » France/Comores

Fin juillet François Hollande s’apprête à rendre visite à Ikililou Dhoinine, Président des Comores, en vue de signer un accord bilatéral « relatif à la circulation des personnes », élaboré en toute opacité. Il risque d’autre part d’être entaché de nullité, les deux Etats revendiquant de part et d’autre l’appartenance de Mayotte à son territoire. En 1975 la France a pratiqué au hold-up sur le résultat du référendum d’autodétermination du peuple comorien qui s’était prononcé à 94% pour son indépendance, en s’accaparant de l’île de Mayotte en infraction avec la Charte des Nations unies qui précise que « toute tentative visant à détruire l’unité nationale et l’intégrité territoriale d’un pays est incompatible avec les buts et principes de la Charte des Nations unies ». Tout ça pour conserver l’œil et les oreilles sur le transit maritime dans le canal du Mozambique.


FRONT DÉMOCRATIQUE, DÉCLARATION

Recolonisation: l’accord relatif à la circulation des personnes

Après avoir fait signer aux Comores une déclaration sur une prétendue amitié, qui est déjà en soi un scandale puisque survenant trois mois après la tentative de coup d’Etat du mercenaire Patrick Klein, voilà la France, aiguillonnée par le syndrome de Fachoda, qui pousse plus loin l’audace coloniale, à vouloir faire reconnaître par les Comores son occupation. Il s’agit cette fois d’un accord entre la France et les Comores, concocté par les réseaux de la Françafrique et son point focal Bolero, sur « la circulation des personnes » non pas entre la France et les Comores, mais en territoire comorien!

Pour défendre ses intérêts, la perfidie n’a pas de limite. In cauda venenum, dans la queue le venin disaient les Romains. Voyez l’article 7 portant sur un « Divers » monumental, qu’il n’est pas inutile de reproduire: « S’agissant de la République française les dispositions du présent accord s’appliquent exclusivement à Mayotte », fin de citation. Sans commentaire sinon pour dire que c’est un accord léonin, typique des « accords » du 19eme siècle, en usage lors de la pénétration coloniale.

L’accord commence par un arsenal de considérants qui présentent une France généreuse dans son jeu colonial, pour enrôler les Comores à leur suicide par la disparition de leur État national et ses lois.

L’expression alambiquée est truffée d’antiphrase et d’euphémisme. Le but est de se défausser sur les Comores, des crimes résultant de l’occupation et du visa Balladur, mais aussi de rendre les Comoriens étrangers dans leur propre pays. Il en est pour preuve l’emploi du terme « immigration » pour qualifier les mouvements des personnes entre les quatre îles. L’esprit colonial n’a pas pris un ride. Dans sa réponse à Lavrov, Ministre des affaires étrangères de Russie, qui dénonçait le dépècement des Comores par la France, Laurent Fabius soutient froidement la thèse selon laquelle l’occupation de Mayotte se justifie pour s’être opérée à un moment où l’Etat comorien n’existait pas. Piteuse apologie de la loi du plus fort, quand on sait que l’archipel des Comores a été reconnu indépendant dès 1975 par l’ONU, dans ses frontières héritées de la colonisation.

Ce que réclament les Comores ce n’est pas « l’assouplissement (sic) des conditions de délivrance du visa », mais la suppression du visa criminel Balladur, cause de milliers de morts dans nos mers intérieures, un visa que la France a instauré près de vingt ans après son occupation de l’île comorienne de Mayotte.

Ce que réclament les Comores c’est la libre circulation dans l’archipel, étant donné que nous n’avons pas de frontières communes avec la France.

Les Comoriens s’ élèvent contre cette arrogance coloniale à vouloir exiger une « coopération policière et judiciaire » contre une prétendue « immigration irrégulière » et autre « circulation non autorisée » dans l’archipel des Comores.
Encore une antiphrase: la « protection des mineurs ». La France qui s’affiche comme le pays des droits de l’homme, ne se contente pas de se livrer quotidiennement à des déplacements de populations, elle étend ces violations des droits humains à des enfants innocents. Aux yeux de la France tout le monde est coupable : les mères pour n’avoir pas été avec leur progéniture au moment de leur arrestation; les enfants pour avoir survécu à la dureté de cette vie d’errance. C’est ainsi que voyant le danger de ces milliers d’enfants sans abris et sans autre éducation que la rue, ces titi Maorais qui sont peut-être les fossoyeurs de l’occupation, la France cherche à tout prix à s’en débarrasser.

Première trouvaille : construire un centre de déportation à Domoni à Anjouan, un projet cynique en voie d’achèvement où ces mineurs gênants seraient enfermés.

Deuxième trouvaille : prendre l’argent de l’Europe tout en contournant ses lois. En effet la France, qui a élevé l’île comorienne de Mayotte en RUP, compte avec les mannes qui en résultent, à la fois nettoyer l’île de toutes les personnes indésirables, mais aussi de recoloniser le reste de l’archipel à travers un prétendu « programme d’insertion régionale ». Mais bénéficier de l’argent de l’Europe sans appliquer ses lois n’est-ce pas la quadrature du cercle? Qu’à cela ne tienne, il n’y a qu’à demander des dérogations et le tour est joué. Les arrestations, suivies d’une expulsion le jour même, vont continuer de plus belle. Quant aux mineurs sans identité parce que la France refuse d’enregistrer leur naissance, des mineurs devenus apatrides dans leur propre pays, ils continueront à demeurer les laissés pour compte.

Il convient de souligner, à la décharge du peuple français que près de neuf organisations humanitaires françaises dont GISTI, FASTI, CIMADE, s’élèvent pour dénoncer ces  » dispositifs dérogatoires et discriminatoires  » qu’elles jugent en contradiction flagrante avec la convention européenne des droits de l’homme.

Le Front Démocratique salue cette initiative et appelle toutes les forces progressistes à s’y associer. Il faut stopper cette machine coloniale qui sème la mort, bafoue quotidiennement les droits humains et piétine la souveraineté des Comores.

Fait à Moroni le 02/7/2014