Après 170 ans d’accaparement de la Kanaky, l’État colonial français n’entend pas lâcher le plus grand des « territoires non autonomes » qu’elle administre à plus de 16 000 kilomètres de Paris.
Membre du Conseil de sécurité de l’ONU, notre pays qui distribue à géométrie variable, des leçons de démocratie et de respect des droits de l’homme, persiste à ignorer la résolution du 14 décembre 1960, l’Assemblée générale de l’ONU sur « l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux ». Dont l’article 2 stipule : « Tous les peuples ont le droit à la libre détermination ; en vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et poursuivent librement leur développement économique, social et culturel ».
La France, quand elle n’a pas été contrainte par la guerre comme au Viêt-Nam et en Algérie, s’est arrangée pour concéder l’indépendance de ses colonies africaines à garder une souveraineté sur leur souveraineté politique, économique et culturelle et en repoussant sans cesse l’accession à l’indépendance dans les zones stratégiques comme à Djibouti, aux Comores (1975) et en Kanaky Nouvelle-Calédonie (2022).
En décidant SEUL, d’avancer d’une année le 3ème scrutin référendaire en Kanaky Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron veut-il réitérer le « sale coup » du référendum aux Comores perpétré par Giscard d’Estaing en 1975 ? Ses prédécesseurs lui ont préparé le terrain en faisant élargir l’accès au vote pour « l’autodétermination » à des personnes qui ne sont pas nées sur le territoire et n’ont aucun ancêtre dans ce cas.
Le président français ignore-t-il que nous ne sommes plus sous l’ancien régime des rois de France ?
Ignore-t-il la bienséance du respect du deuil exceptionnel que vit la population Kanak incompatible à l’agitation électorale?
Pour toutes les conditions que les partis indépendantistes ont énoncées qui ne permettent pas de procéder à une campagne électorale sereine et une consultation libre et sans contrainte, l’AFASPA estime que ce qui est décidé par le chef de l’État, au nom du peuple de France, est contraire au respect du droit international.
Nous demandons le retrait immédiat des forces de gendarmerie et militaires qui ont malheureusement fait leurs preuves en mai 1988 dans un contexte d’élection présidentielle. Un contexte que l’on retrouve aujourd’hui, plus propice aux stratégies politiciennes qu’à une prise de position en phase avec la légalité internationale et le respect des engagements pris.
L’AFASPA soutient la décision de tous les partis indépendantistes qui ne participeront pas à la consultation. Elle demande le respect des accords signés, en reportant la 3ème consultation référendaire à la date prévue, c’est à dire en septembre 2022.