L’OMDH vole au secours du directeur général de la DST

A l’heure où se déroule le Festival « Étonnants voyageurs » à Rabat Salé, nous assistons en simultané à la représentation « Étonnants défenseurs des droits de l’Homme ». Une lamentable tentative de sauvetage d’une réalité : la pratique toujours actuelle de la torture dans les institutions policières et judiciaires du Maroc. Lamentable car s’il s’agissait que d’une agence de presse on pourrait le comprendre, mais d’une organisation de défense des droits de l’homme, c’est inadmissible, d’autant qu’elle se réclame d’une mission de la FIDH.


Discréditée : l’Organisation Marocaine des Droits de l’Homme (OMDH) à la manœuvre pour sauver « le soldat Hammouchi » Directeur Général de la DST. A l’issue de la visite d’une délégation de l’OMDH conduite par son président Mohamed Nechnach, à la prison de Salé où Naama Asfari se trouve depuis décembre 2010, l’organisation a sorti un communiqué laissant entendre que le militant sahraoui était somme toute, satisfait de sa situation et s’insurgeait de l’utilisation de son nom dans des campagnes et qu’il n’avait pas subi de mauvais traitements !!!

Vaine tentative de voiler les plaintes différentes déposées par l’ACT à l’encontre du directeur général de la DST pour les tortures infligées par ses services dans le sinistre centre de Temara discrètement déménagé il y a quelques temps dans un endroit moins connu.

Ce n’est pourtant pas ce que l’on a entendu au Tribunal militaire de Rabat il y a un an quand Naama était à la barre, premier interrogé des 22 militants présents, qui ont décrit dans le détail les tortures et viols pour ceux qui ont brisé le tabou sur le sujet. Les aveux estorqués sous la torture, signés pour certains, une empreinte pour d’autres (alors qu’ils savent tous lire et écrire). Quant à Naama il a été formel : il n’a jamais signé de PV, on l’a par contre contraint d’apposer son empreinte sur la page blanche d’un registre dont il ne savait pas l’objet.
Ci-dessous l’article du site internet du journal marocain Telquel.

Une visite sur le site de l’OMDH vaut le détour pour se faire une idée de l’efficacité de l’organisation sur la défense des droits de l’homme au Maroc : la page de la rubrique « rapport » est vierge. Celle de « l’actualité » ne mentionne qu’un article sur la crise économique qui explique que le gouvernement et le roi font tout pour stimuler l’économie du pays. Mais rien sur des atteintes aux droits de l’homme.

Est-ce sur les informations de cette organisation que leur Amie La France se base pour se faire une idée de l’amélioration des droits de l’homme au Maroc ???

Sans doute car une fois de plus les autorités françaises se précipitent au premier froncement des sourcils du monarque pour lui assurer de leur amitié indéfectible. En son temps Roland Dumas avait même fait le déplacement à Rabat quand Gilles Perrault avait eu l’outrecuidance de signer le livre « Notre Ami le Roi ». Il y a une belle continuité succession qui ne fait pas honneur à notre pays où, en principe il y a séparation des pouvoirs et indépendance de la Justice.

Article de Telquel :

Affaire Naama Asfari « l’OMDH a menti »

Une délégation de l’Organisation Marocaine des Droits Humains (OMDH) a rendu visite au militant sahraoui, Naama Asfari, le 12 février à la prison de Salé. Celui-ci aurait évoqué ses conditions de détentions ainsi que les campagnes médiatiques dont il a fait l’objet si l’on en croit les propos d’un représentant de l’OMDH. Ces propos ont été rejetés par l’Association des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture, par l’avocat français de Naama Asfari, Maitre Joseph Breham, ainsi que par sa femme, Claude Mangin Asfari.
L’OMDH affirme que Naama Asfari n’a jamais été torturé
Naama Asfari serait en bonne santé et a, selon le membre du bureau national de l’OMDH, Said Bikri, « indiqué qu’il n’a souffert d’aucune forme de mauvais traitements bien que des tentatives aient eu lieu sur le trajet entre Laayoune et le tribunal militaire». Bikri a aussi tenu à indiquer que les relations entre Asfari et ses geôliers étaient au « beau fixe » et qu’il « bénéficiait de bonnes conditions de détention ». A titre d’exemple, le représentant de l’OMDH a déclaré que « Asfari reçoit des visites quotidiennes tandis que les autres prisonniers ne reçoivent qu’une visite par semaine ».

Le militant aurait exprimé, selon Bikri, son mécontentement quant à « l’association de son nom avec certaines campagnes (ndlr : médiatiques) sans en avoir été informé ». Asfari considèrerait toujours selon Saïd Bikri, qu’un « dialogue sérieux est le meilleur moyen de trouver des solutions aux différents problèmes (ndlr : la torture) » et a indiqué qu’il « souhaiterait participer à une telle initiative ». Seule source de mécontentement pour Asfari, selon le représentant de l’OMDH, son arrestation, qui a eu lieu un jour avant les évènements de Gdem Izik.

Les proches d’Asfari s’indignent.
Contacté par TelQuel, l’avocat de Naama Asfari en France, maitre Joseph Breham, a condamné ces déclarations : « c’est ridicule. Ces propos sont complètement faux, et à ma connaissance Naama Asfari n’a pas retiré sa plainte. Cela démontre que l’AMDH est justifiée et nécessaire au vu des manipulations de l’OMDH ».

Helene Legeay, responsable Maghreb à l’ACAT, quant à elle, se dit « très étonnée de la stratégie de l’OMDH » et a indiqué que le compte-rendu, fait par Naama Asfari, de la visite de l’OMDH ne mentionne à aucun moment l’évocation de la torture. La visite de l’OMDH à la prison de Salé se serait faite avec le consentement de la Fédération Internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH). Néanmoins, selon la représentante de l’ACAT, les responsables de la FIDH n’ont jamais eu connaissance de cette visite. « Cela montre que l’OMDH est une organisation politiquement instrumentalisée » a déclaré Legeay.
Tortures et intentions politiques.

Même son de cloche du côté de la compagne de Naama Asfari, Claude Mangin-Asfari. Contactée par TelQuel, elle a tenu à préciser que la date de la visite annoncée par l’OMDH dans son communiqué, le 12 février, n’était pas la date à laquelle la rencontre s’est tenue. Elle considère que : « c’est un heureux hasard que cette visite ait eu lieu juste avant la plainte ». L’épouse de Naama Asfari a aussi tenu à souligner que son mari était victime de nombreux sévices : « on l’a battu, empêché de se doucher, de se nourrir et de dormir. On le menaçait d’exécution, on lui a marché sur le corps et sur la tête. Malgré tous ces mauvais traitements, il a été laissé sans soin et est arrivé ensanglanté au tribunal militaire. Il était le premier à être interrogé au tribunal mais il a refusé de parler de torture afin d’éviter une mauvaise ambiance durant le procès. Toutefois ces camarades en ont parlé ».

Pour rappel, une plainte pour torture a été déposée au nom de Claude Mangin-Asfari, son mari et l’ACAT contre le Maroc, le 20 février dernier. « J’agis en toute transparence. La date du 20 février n’a pas été choisie par hasard car elle tombe un an après son jugement. Qui plus est, la date du renouvellement du mandat de la MINURSO est très proche », nous confie Claude Mangin. Des propos qui viennent nuancer les affirmations de son avocat, qui estimait dans une interview accordée à TelQuel, que la plainte pour torture n’avait pas d’objectifs politiques.