L’épidémie de fièvre Ebola, n’est pas due à une malédiction divine

Les médias déversent à longueur d’antennes et de colonnes les chiffres impressionnants des malades et des victimes du virus. Ils sont par contre avares sur la cause de la fulgurante propagation dans les pays d’Afrique de l’Ouest de la fièvre Ebola. S’il n’y a pour ce virus découvert en 1976 lors d’une épidémie au Zaïre, aucun traitement spécifique ni vaccin, c’est qu’il en est comme pour le paludisme, il a tort de ne sévir qu’en Afrique… d’où le désintérêt des laboratoires de pousser les recherches pour le combattre, les populations et les pays n’ayant pas les moyens de rentabiliser les investissements. En Ouganda et en RDC, qui en est à sa 7ème épidémie, les mesures ont été vite prises pour prévenir la propagation. Ce n’est pas le cas en Afrique de l’Ouest où il le virus est apparu pour la première fois.


Peter Piot aujourd’hui Président de l’Ecole de médecine tropicale de Londres regrette que l’OMS et les pays concernés aient sous-estimé l’impact qu’allait prendre l’épidémie. Alors que le premier cas s’est révélé en Guinée en décembre 2013, il n’a été signalé à l’OMS qu’en mars 2014. L’organisation a mis plus de 3 mois à reconnaître que l’épidémie s’étendait dangereusement et ce dans des pays où les services de santé connaissent de graves dysfonctionnements.

Les ravages des guerres au Libéria (1989/1997) et en Sierra Leone (1991/2002) sont loin d’être comblés sur les infrastructures de santé. En 2010 le Libéria comptait 51 médecins pour 4 millions d’habitants. Pour la Guinée les Plans d’Ajustement Structurel sont passés par là. Ces 3 pays manquent de locaux adaptés pour le dépistage et les soins. C’est au préjudice des autres malades que la priorité des équipes soignantes ont été mobilisées sur l’épidémie, elles n’ont pas le matériel de protection nécessaire et les professionnels de santé sont nombreux à être atteints à leur tour, les crédits pour faire face efficacement à l’accueil des malades et aux traitements des cadavres. Les familles des malades qui sont cantonnées ne sont pas assurées d’avoir de quoi se nourrir. Aujourd’hui la volonté politique est là, mais que de temps perdu, à quand l’envoie des fonds nécessaires ? Il y a quelques jours le professeur estimait que l’épidémie ne serait pas sous contrôle avant 2 ou 3 mois et qu’il faudra ajouter aux victimes du virus, celles d’autres maladies qui n’ont pu être soignées. La Présidente de MSF a déclaré hier à l’ONU que « le monde est en train de perdre la bataille contre le virus bataille ».

Pour Peter Piot, Ebola est plus aiguë et spectaculaire que le Sida et le paludisme, mais si la maladie est en régression dans ces deux cas, c’est que les moyens ont été mis en œuvre pour les combattre. Il craint que lorsque l’épidémie sera jugulée, les travaux de recherche sur les 3 vaccins soient « oubliés » jusqu’à la prochaine. Une véritable politique de prévention doit passe par la coopération des populations à qui on doit donner les informations sur les modalités de transmission.

La remise à niveau des services publics de santé en Afrique est une priorité internationale.