Aujourd’hui en Afrique un nouveau phénomène prédateur prend de l’ampleur : L’accaparement des terres et l’expulsion des paysans. Il constitue une nouvelle agression contre les souverainetés nationales et le développement des pays. L’Europe, les Amériques, l’Arabie et l’Asie font aujourd’hui main-basse sur la terre d’une vingtaine de pays africains. Environ 45 millions d’hectares de terres dans le monde, dont 2/3 en Afrique, ont été vendus à des investisseurs étrangers, entre octobre 2008 et août 2009. Cette acquisition à grande échelle, apparue il y a une dizaine d’années connaît une accélération effrénée ces dernières années.
Mercredi 23 février à 19h30
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A la Salle Jean Dame – 17 rue Léopold Bellan – 75002 Paris – Métro Sentier
Jean-Claude Rabeherifara, sociologue et militant de l’AFASPA présentera le thème de la première partie de cette soirée qui aura pour invité-intervenant Samuel L’Orphelin du réseau Améliorer la Gouvernance de la Terre de l’Eau et des Ressources Naturelles (aGter):
Cette recolonisation de l’Afrique a deux caractéristiques qui reprend les mécanismes de l’ère des conquêtes des siècles passés :
– la transaction entre « élites locales » et une société d’exploitation agricole étrangère, sans concertation avec les habitants même si la Constitution l’impose comme au Kenya.
– la violation des droits des villageois (coutumes ou législations foncières) au travers de nouvelles directives prônées par l’OMC et le FMI au nom de la mondialisation.
Les résistances paysannes et nomades s’organisent, contre ces expropriations (Madagascar, Ethiopie, Kenya, Mali, Bénin, Burkina Faso…), elles sont multiformes : opposition aux expulsions musclées, infléchissement des politiques foncières.
Les différentes raisons de la forfaiture :
1° Garantir la sécurité alimentaire des populations des pays acheteurs.
2° Disposer de ces terres pour développer la production de cultures permettant la fabrication d’agro carburants.
3° Organiser la spéculation sur les productions agricoles et agro alimentaires.
4° Exploiter des forêts au mépris de la sauvegarde de la biodiversité.
5° Disposer du pétrole et des minerais qui représentent en Afrique 60% des réserves mondiales non encore exploitées.
Benjamin Moustila, auteur de Denis Sassou Nguesso, l’irrésistible ascension d’un pion de la Françafrique et membre de la FCD (Fédération des Congolais de la Diaspora) nous présentera la situation de son pays, en proie à un pillage qui n’a jamais cessé, tandis que la population est l’une des plus pauvres du monde.Les européens se sont alors servis allègrement parmi les terres et les matières premières. Aujourd’hui qu’en est-il?
A travers le cas du Congo-Brazzaville, nous étudierons la continuité de cette relation à sens unique. Cumulant 26 ans d’exercice du pouvoir à la tête de ce pays, le dictateur Denis Sassou Nguesso est surnommé Monsieur 17%. Ce serait en effet à ce prix bradé qu’il livrerait le pétrole, dont le pays est riche, aux compagnies pétrolières occidentales, Total en tête. M. Nguesso y trouve évidemment son compte et il fait d’ailleurs l’objet d’une plainte en France, dans l’affaire des Biens Mal Acquis : il disposerait de plusieurs biens de grande valeur en France qu’il aurait acquis gràce à l’argent détourné de la rente pétrolière. Le Congo-Brazzaville est ainsi emblématique de la Françafrique.