La double arnaque du référendum royal au Maroc

En nommant lui-même les « experts » pour l’élaboration d’un projet de réforme de la Constitution dont il a défini le cadre, le souverain marocain s’assurait qu’il n’aurait pas à s’attendre à la surprise de se voir confisquer tous les pouvoirs. Il pouvait compter sur la loyauté de ses serviteurs dont un ex-prisonnier de Hassan II, déjà à la manœuvre dans l’Instance Equité et Réconciliation, qui avait accepté de faire l’impasse sur l’identité des criminels des années de plomb et de se garder de toute protestation à propos du manque de suivi des recommandations de l’IER.


Conscient que cette réforme ne répond en rien aux aspirations populaires clairement exprimées chaque dimanche dans les rues de 120 villes, le Palais craint que les « sujets » du Roi n’approuvent pas ce tiède toilettage. Alors l’expertise du Makhzen marocain est une fois de plus utilisée : pour occuper l’espace médiatique marocain (… et français), l’espace public en organisant des contre manifestations « spontanées » (moyennant rémunération) brutalisant les manifestants mobilisés depuis février denier.

Mais il tient, comme toujours, à s’assurer le résultat attendu des urnes. Et comme il craint à juste titre le verdict populaire, pour la première fois, les Marocains de l’étranger sont appelés à se prononcer. Etrange quand on sait qu’il n’existe aucune liste électorale. Les Consulats marocains font appel au soutien à cette mascarade démocratique aux Maires, dont certains se prêtent de bonne grâce. On raconte que celui d’Evry (Manuel Valls) tiendrait l’urne lui-même !

Le Mouvement du 20 février a appelé au boycott de ce référendum dont le but est de conforter le pouvoir et les pratiques qui ont tant porté préjudice au pays où les appétits du libéralisme se gavent sur le dos du peuple.

Les démocrates français qui soutiennent le formidable élan populaire qui s’est courageusement soulevé au Maroc contre un régime dictatorial aux mœurs moyenâgeuses, se doivent de dénoncer ce nouveau mauvais coup contre l’espoir de démocratisation du Maroc.