Et hop ! NOUVELLE SÉQUENCE DE L’INTERMINABLE CRISE POLITICIENNE…

Cette confrontation pour le pouvoir entre les puissances d’affaires malgaches se poursuit. L’ambianceur de soirées et milliardaire Andry Rajoelina, arrivé au pouvoir par un coup d’état miltaro-civil en février 2009 qui a chassé le président, chef religieux et « empereur du yaourt » Marc Ravalomanana a été élu « démocratiquement » en novembre 2018. Cette fois-ci, c’est Rajoelina qui est harcelé par une alliance revancharde qui s’étiquette « opposition » de ses deux prédécesseurs autoritaires, corrompus et anti-sociaux comme lui, Ravalomanana et Rajaonarimampianina (président de 2013 à 2018).


Rajoelina promettait dans son programme électoral « néolibéral-décomplexé » une toute idéologique « Emergence de Madagascar ». Après un an et demi de mandat (et une instrumentalisation de la peur suite à la pandémie Covid-19), le régime est confronté à :

– une crise sociale majeure (apportée par la flambée des prix des produits de première nécessité, du coût de l’électricité etc.) qu’il essaye de contenir en mettant en place des filets de sécurité (distribution de repas chauds, riz et huile moins onéreux etc.) financés par les fonds Covid ;

– un discrédit pour corruption (des fonds Covid, notamment) et pour un trafic (dont il a été le commanditaire) de 73,5 kg d’or vers Dubaï intercepté en Afrique du Sud ;

– une perte de crédibilité auprès des institutions financières internationales qui révisent désormais à la baisse toutes leurs « aides » au vu de sa mauvaise « gouvernance » trop visible : notamment, ce qui mécontente la Banque mondiale, la suspension (pour des raisons démagogiques « pour ne pas sanctionner les ménages ») de l’application du nouveau système tarifaire de l’électricité déjà adopté dans le cadre des conditions sine qua non d’une aide budgétaire.
Il développe alors, comme on s’y attendait, son cours autoritaire. Répression tous azimut : rien que ces dernières semaines, des interdictions de manifester, des arrestations d’étudiants et de paramédicaux réclamant respectivement le paiement de leur bourse ou celui de leur indemnité pour intervention dans la campagne contre la pandémie. Le cours autoritaire vient de tourner violent : les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles contre plusieurs manifestations étudiantes faisant notamment un mort à Toamasina (sur la côte Est). Samedi 20 février : déploiement massif de forces de l’ordre et de blindés dans le centre de la capitale pour empêcher (radicalement !) une manifestation de l’« opposition ».

Le réseau de société civile ROHY a pris position : « Alors que le pays doit déjà affronter un contexte socio-économique éprouvant avec la persistance du Covid19 au niveau national et mondial, devant la recrudescence actuelle des manifestations de nature politique et/ou sociale et face au contexte politique délétère, le Mouvement de la société civile Rohy ne peut rester silencieux et exprime son opinion pour protéger de manière impartiale et non partisane les intérêts de la population, objectif qui constitue sa mission principale. » Enième « transition » et partage du pouvoir ou véritable affrontement ? Dans les deux cas, la population sera la perdante.