Le débat proposé et organisé par la Voie Démocratique le dimanche 17 septembre devant une foule de militants, s’est centré sur le thème « Sacralité et démocratie (au Maroc)».
Les Animateurs du débat étaient : Mustapha Brahma, membre de la direction nationale de la Voie Démocratique ; Ali Omar Yara, sociologue et écrivain sahraoui, représentant le POLISARIO. Abdesselam Mtibir de l’association A. M. N. I. R. (dite l’association du « Sahara marocain ») qui avait été pressenti, s’est abstenu. Il n’a donc pas participé au débat, du fait apparemment de la pression du pouvoir marocain, qui s’est exercé, non pas par ce que le débat se tenait dans le stand de la Voie démocratique, mais surtout par ce qu’un membre du Front Polisario y participait. Nous avons remarqué que, dans le stand, des membres du PPS marocain restaient sans réaction.
La voie démocratique est le seul parti marocain qui soutient le combat du peuple sahraoui et exige le référendum d1autodétermination. Cette position initiale a causé des dégâts (les Militants décimés par la répression du Maghzen, l’interdiction durant les années 1980 et les années 1990).
Saïd Zgouti, de la Voie démocratique, a ouvert le débat en soulignant le monopole de « l’affaire du Sahara occidental » par le Palais, et exige que ce « dossier » soit retiré du « Roi » pour qu’il soit discuté par le peuple en dehors du Makhzen. Mustapha Brahma, ancien prisonnier politique condamné en 1976 à un an de prison ferme et vingt ans de prison dans les années 1980, a brillamment exposé le rapport entre la « sacralisation » et la démocratie au Maroc, arguments de la constitution marocaine à l’appui, soulignant que dans le jeu politique et au Maroc c’est « le sacré qui détermine le rationnel ». Il a identifié trois axes de cette « sacralité » : l’institution royale ; la question du Sahara occidental ; et la question de l’islam.
Ali Omar Yara, représentant le POLISARIO, a souligné que le peuple sahraoui ne connaît pas la notion de « sacralité », ni historiquement, ni socialement, car ce peuple semi nomade n’a jamais fait allégeance « aux rois », d’ailleurs aucun roi n’a étendu sa « souveraineté » sur le Sahara occidental (les arguments juridiques ont appuyé cette vérité : l’arrêt de la CIJ en 1975 et toutes les résolutions des Nations-Unies). Une démarcation symbolique et sociale sépare, donc, la vie politique des deux peuples Marocain et Sahraoui. Cette démarcation est fondamentale et le restera.
Deuxième élément essentiel, c’est le fait que « la sacralisation du régime Marocain » opère, depuis l’invasion du Sahara par les troupes suivie par « la Marche verte », une extra-territorialité du sacré « pour l’inculquer au peuple Sahraoui des territoires occupés par le Maroc. Occupation qui s’est renforcée durant trente ans par une intense activité administrative et politique dont nombre de Colons marocains, de plus en plus nombreux dans ces territoires, constituent le support idéologique.
C’est à partir de ces éléments que le représentant du POLISARIO souligne en troisième lieu que le POLISARIO est un mouvement de libération qui lutte pour l’indépendance totale du Sahara occidental et pour une « désacralisation » introduite par le Maroc et à laquelle le mouvement insurrectionnel dans les territoires occupés, notamment depuis mai 2005, oppose un refus total.
Invités au Stand de l’antenne de la Radio France-Inter, Saïd Zgouti (la Voie démocratique) et Ali Omar Yara du POLISARIO ont (à côté de Jean-Louis Raouch, responsable de « la fête » de l’Humanité, Eduardo Manet, écrivain cubain et le chanteur sénégalais Didier Awadi) participé à l’émission sur « le voyage » autour du thème « Tous Camarades ? »,. Garcia Laurence qui anime, en direct des ondes le débat prend acte du fait que le conflit du Sahara occidental a duré 30 ans, et constate que le POLISARIO et le Maroc ont des Stands, à proximité sans pouvoir dialoguer entre les deux peuples. Ali Omar Yara souligne que le Sahara occidental demeure une affaire de décolonisation. Said, quant à lui, exprime le soutien des militants de la Voie démocratique à une solution politique par le référendum. Le dialogue et soutien mutuel entre les deux Forces politiques n’a pas cessé depuis 1973, et la « fête de l’Humanité » reste un point culminant de ce dialogue.