LE VIOL, COMME CRIME DE GUERRE

La République Centrafricaine, qui n’a pas encore ratifié le Protocole des Droits des Femmes en Afrique adopté par l’Union Africaine en juillet 2003, s’avoue incapable de juger les crimes commis à l’encontre des populations durant le conflit de novembre 2002 à mars 2003. A l’époque les troupes du général Bozizé s’opposaient à celles du président de l’époque Ange Félix Patassé aidé de son côté par les mercenaires du congolais Jean-Pierre Bemba, du français Paul Baril et du tchadien Abdoulaye Miskine. La Cour Pénale Internationale ouvre une enquête sur ces crimes. Selon Luis Moreno Ocampo, Procureur de la Cour Pénale Internationale, «les allégations de crimes sexuels sont précises et étayées. Les renseignements dont nous disposons laissent à penser que des viols ont été commis en des proportions telles qu’il est impossible de les ignorer au regard du droit international».


Le Procureur s’appuie sur des rapports et une mission d’enquête de novembre 2005 qui indique que “la violence sexuelle semble ainsi avoir constitué une composante centrale du conflit.” Il estime en outre “qu’il est possible, mais ce n’est qu’une hypothèse, nuance, prudent, M. Agirre, que ce soit une forme de rétribution des troupes qui opèrent sans salaire”.

La Présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen, dont l’organisation avait saisi la CPI en février 2003, souhaite que cette procédure ait un effet dissuasif pour l’avenir car, déclare-t-elle“ il y a entre 1 500 et 2 000 personnes qui ont été victimes de violences sexuelles. Ce sont des femmes, mais aussi des enfants, des vieillards, des hommes. Et lorsqu’une personne est violée, cela atteint des dizaines de personnes. C’est la société toute entière qui est traumatisée”.

Sur le terrain des femmes courageuses prennent aussi les choses en main comme Bernadette Sayo Nzale Présidente de l’organisation pour la compassion et le développement des familles en détresse qui a dû récemment fuir son pays du fait des menaces qu’elle recevait.

Il faudra également que la CPI se saisisse du dossier des crimes commis perpétrés depuis 2005 au Nord du pays qui ne sont pas pris en compte dans ce cadre de cette première procédure.