Répression en cascade en Tunisie

Elles pleuvent quotidiennement dans nos messageries les dépêches en provenance de Tunisie. Elles illustrentla politique d’éradication de toute contestation et de revendication droits. Mineurs,journalistes, étudiants, avocats… tout ce qui relève la tête et ose dénoncer les réalités du pays qui entacherait l’image de la Tunisie offerte aux touristes. Les Tunisiennes et les Tunisiens épris de justice le paient au prix fort dans une palette de harcèlements, de sévices et d’emprisonnement des plus invraissemblables. Voici les dépêches reçues ces derniers jours qui illustrent le quotidien de la vie politique tunisienne.

Tunis, le 6 décembre 2010

Procès des accusés d’avoir voulu réactiver le mouvement “En Nahdha”.

Des condamnations allant de six mois à deux mois avec sursis !

La sixième chambre correctionnelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Faouzi Jebali, a rendu son jugement le 6 décembre dans l’affaire n°19635 dans laquelle sont déférés en état d’arrestation Ali Lahrabi, Ali Ferhat, en liberté : Ali Ben Aoun, Saïfeddine Mahjoub, et en fuite : Mohammed Hechmi Ben Taleb, Aymen Ben Messaoud, Mohammed Hédi Ben Abdallah, pour tenue de réunion non autorisée, mise à disposition d’un local de réunion non autorisée, collecte de fonds sans autorisation, en vertu des articles, 2, 5, 24, 23 et 7 de la loi du 24 janvier 1969 et des articles 1, 2, 3, 30, 10, 6, 5, 4, de la loi du 7 novembre 1959, ainsi que de l’article 6 du décret du 21 décembre 1944 relatif à la collecte de fonds.

Voici les condamnations :

Ali Lahrabi et Ali Ferhat : six mois d’emprisonnement

Ali Ben Aoun et Saïfeddine Mahjoub : deux mois avec sursis

Aymen Ben Messaoud : Un an et trois mois d’emprisonnement

Mohammed Hédi Ben Abdallah : Un an et sept mois d’emprisonnement

Mohammed Hechmi Ben Taleb : un an et neuf mois d’emprisonnement

Pour l’association
Le Président
Maître Samir Dilou

Tunis, le 24 novembre 2010

Communiqué

Adam Boukedida, ex prisonnier d’opinion, est en réanimation sous garde renforcée

Adam Salah Ben Salem Boukedida, ex prisonnier d’opinion, est toujours dans le coma dans le service de réanimation de l’hôpital Sahloul où il a subi deux opérations chirurgicales aux poignets suite aux fractures dues à la course poursuite et à la descente de la police politique qui le visaient le jour de l’Aïd. Il avait tenté de fuir et avait sauté du deuxième étage de l’immeuble ; il a eu des fractures aux genoux et aux poignets ainsi qu’une hémorragie à l’estomac. Il est sous surveillance renforcée dans sa chambre d’hôpital, la visite de sa famille s’effectuant en présence d’agents de la police politique.
Sa famille a pu rectifier les données du premier rapport médical, comme le fait qu’il aurait été transporté à l’hôpital par des agents de la protection civile alors qu’il a été transporté par des agents de police ; même chose en ce qui concerne la hauteur d’où il a sauté : le premier rapport mentionne une hauteur de 4 m alors qu’il a sauté de 12 m […]

Pour le Bureau exécutif de l’Organisation,

Le Président, Maître Mohammed Nouri

Tunis, le 24 novembre 2010

Clôture des plaidoiries dans l’affaire du journaliste Mouldi Zouabi.

Aujourd’hui les plaidoiries ont pris fin dans l’affaire n°3960, dans laquelle est déféré le journaliste Mouldi Zouabi devant la chambre correctionnelle du Tribunal de Première Instance de Jendouba (152 km au nord ouest de Tunis) pour agression violente ayant entraîné une incapacité de 20% et diffamation publique sur les fondements des articles 218, 245 et 247 du Code Pénal suite à la plainte n°5877 déposée par un membre du parti au pouvoir, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique, dénommé Khelil Maaroufi le 2 avril 2010. […]
Après les plaidoiries de ses avocats, Maîtres Rabeh Kharaïfi, Ahmed Néjib Chebbi, Mondher Cherni, Najet Laabidi, Nabil Libassi, Lotfi Ayadi, Mohammed Néji Gharsalli, Hédi Manaï, Saïd Mechichi, Khaled Krichi, Choukri Belaïd, Mondher Dhib et Tarek Labidi, ainsi que l’avocat algérien Ksila Zerguine, le tribunal a décidé de reporter l’affaire au 8 décembre 2010 pour le prononcé du jugement. […]

Pour la commission des jugements équitables

Khaled Krichi

Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques, 43 rue Eldjazira, Tunis Aispp.free@gmail.com

Tunis, le 23 novembre 2010

Prononcé des jugements dans l’affaire n°21156

Hier dans la soirée, la cinquième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Touhami Elhafi, a prononcé ses jugements dans l’affaire N°21156 :

Zyed Labidi : 20 ans d’emprisonnement

Rafik Ali : 5 ans d’emprisonnement

Héni Mechichi : 2 ans d’emprisonnement

Ghaith Ghazouani : 8 mois d’emprisonnement

Houda Ouertani : non lieu

Pour la commission de suivi des procès politiques
Le secrétaire général, Maître Samir Ben Amor

Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques, 43 rue Eldjazira, Tunis Aispp.free@gmail.com

Tunis le 22 novembre 2010

Carte de visite

Lorsque j’ai rencontré Fahem Boukaddous aujourd’hui, j’ai vu qu’il ne s’était pas encore remis des suites de la grève de la faim. Il souffrait encore de douleurs de l’appareil digestif et il m’a affirmé que l’insuffisance respiratoire le gênait beaucoup. Il y a donc une crainte que sa santé ne s’altère avec le refroidissement de la température et la recrudescence de l’humidité et des microbes qui s’en suit.

Par ailleurs, il m’a fait part de sa consternation face à la poursuite des procès des étudiants, comme c’est le cas à Gafsa où seront jugés le 24 décembre prochain des militants de l’UGET de la région, à savoir Farouk Amroussia, Mohammed Slimani, Zyed Amroussia et Fares Alibi, pour des accusations montées de toutes pièces faisant suite aux mobilisations syndicales de l’année dernière.

Fahem a affirmé qu’il avait fait partie de ceux qui avaient suivi ces mouvements et avaient averti que leurs dirigeants verraient leurs comptes réglés et il voit qu’ils surviennent dans le cadre de la politique d’éradication sociale mise en place depuis juin 2008, visant à vider la région de Gafsa de tous ceux qui revendiquent des droits, mineurs, journalistes et étudiants, en utilisant tous les moyens coercitifs, dont l’instrumentalisation de la justice.

Boukaddous considère que la démarche des autorités consistant à modifier l’image connue des populations de la région, celle du refus et de la révolte, sera un échec tant qu’elle tournera le dos à la justice sociale et au développement régional équitable, au droit de protester pacifiquement et d’avoir un avis différent.
Le jeûne de solidarité se poursuit avec Fahem tous les lundis jusqu’à sa libération, mené par un groupe de femmes dont le nombre augment chaque lundi. Il s’agit de :
Luiza Toscane,Marguerite Rollinde, Radhia Nasraoui, Samia Abbou, Najet Hosni, Zina Nooman, Afef Bennaceur

Que toute personne qui souhaiterait rejoindre ce groupe pour inscrire son nom dans la liste des soutiens me contacte.

Afef Bennaceur

Tunis le 22 novembre 2010

• Clôture des plaidoiries dans l’affaire de l’étudiante Houda Ouertani et de son mari

Aujourd’hui, lundi 22 novembre 2010, Zyed Labidi […], Houda Ouertani […], Rafik Ali […], Héni Mechichi […) et Ghaith Ghazouani […] ont été présentés en état d’arrestation devant la cinquième chambre du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Touhami El Hafi dans l’affaire n°21156, […] Après la lecture de l’acte de la chambre d’accusation, les jeunes déférés ont été interrogés, puis vint le tour des plaidoiries de la commission de la défense composée de Maîtres Abdelfattah Mourou, Ahmed Seddik, Samir Ben Amor, Najet Laabidi, Chaker Alaouane et Ines Harrath. La défense a demandé que soient considérée comme nulle la procédure, au vu des vices procéduraux commis à différents stades de l’affaire et un non-lieu à titre conservatoire. La défense a mis en exergue que l’enquêteur avait grossi l’affaire et monté des faits, ainsi que l’atteste le rapport de l’expert des computers saisis. La défense a condamné le recours des agents de la Sûreté aux coups de feu tirés contre le jeune et son épouse enceinte sans justification, des tirs qui les avaient atteints tous les deux et avait entraîné un avortement.

Puis l’affaire a été mise en délibéré et le jugement sera prononcé à l’issue de la séance. […]

• Samedi 20 novembre, la quatrième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Mehrez Hammami, a rendu son jugement dans l’affaire N°21108. Elle a déclaré coupables tous les accusés et condamné Nasreddine Chahlaoui à une peine de sept ans d’emprisonnement et le reste des accusés à cinq ans. Tous seront soumis au contrôle administratif pour une durée de cinq ans.

Pour la commission de suivi des procès politiques
Le secrétaire général, Maître Samir Ben Amor

Répression d’Irien Lambazaa, ex prisonnier politique

L’ex prisonnier politique Irien Lambazaa, fait face à une répression programmée depuis sa sortie de prison […]. Il est interdit de déplacements car soumis à une peine complémentaire de contrôle administratif ; il est convoqué à toute moment par des instances différentes qui finalisent des fiches de renseignements à son sujet et il est contacté par téléphone pour savoir dans quel lieu il se trouve. Dernièrement, son domicile a fait l’objet d’une descente nocturne et aux questions sur la raison de cette intrusion, on s’est contenté de répondre en confisquant sa carte d’identité.

Quant à son passeport, monsieur Irien Lambazaa, a présenté à quatre reprises des demandes de ce document, un droit qui lui est garanti par la Constitution, la loi et toutes les conventions et pactes internationaux, mais en vain. Irien Lambazaa a travaillé longtemps à l’étranger par le passé et il veut voyager à nouveau pour pouvoir faire valoir ses droits à la retraite.

Monsieur Irien Lambazaa a été emprisonné le 23 Janvier 1992 et il est sorti le 23 février 2006 après avoir passé plus de quatorze ans en prison auxquelles il faut ajouter cinq années de contrôle administratif. […]

Pour le Bureau exécutif de l’Organisation

Le Président, Maître Mohammed Nouri

Organisation Indépendante de Droits Humains, 33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis Tel/fax : 71 340 860 Liberte.equite@gmail.com