Anherber revient dans son village natal d’Ethiopie.
Cet homme fatigué est désillusionné. L’univers de son enfance lui semble étranger et, en cette fin des années 80, la junte au pouvoir recrute brutalement ses troupes parmi les jeunes. Pourtant Anherber a lui aussi cru aux idéaux marxistes, lors de ses études en Allemagne de l’Est. Mais la réalité du racisme en Europe et la violence de son pays africain en guerre civile perpétuelle le déchirent au plus profond de lui.
Teza met en scène un épisode de l’histoire de l’Ethiopie, dans une présentation analytique remarquable, dans une dimension universelle. Il ne s’agit plus seulement du drame de la jeunesse éthiopienne des années 70, mais de tous ceux qui, dans le monde entier, étaient portés par l’espoir d’un monde nouveau en devenir. Anberber devient ainsi le personnage emblématique de cette époque, écrasé par un pouvoir trop vite oublieux des idéaux qui l’animait. Ce personnage, on pourrait le placer ailleurs en Afrique, en Asie, en Amérique latine, même en Europe, perdu par un échec qu’il cherche à comprendre, dévasté par ses blessures.
Le regard jeté sur cette époque par Haile Gerima est crû, sans concession aucune, mais il est aussi empreint d’une profonde humanité car il est fait de chair et de senti-ments et il nous montre aussi un Anberber qui saura réagir et reprendre vie. En faisant ainsi oeuvre de mémoire, Teza est un film qui se révèlera bien vite indispensable. Sa maîtrise de l’image et de la direction d’acteurs font ici merveille. La tragédie d’Anberber, de ses amis et de sa famille prend ainsi, par la magie d’une mise en scène généreuse, la dimension de l’épopée émouvante de toute une génération.
Extraits de la critique de Martial Knaebel
La projection sera suivie d’un débat avec Ghennet Girma, militante pour la démocratie en Ethiopie