Malgré la répression la lutte continue chez Maghreb Steel

Maghreb Steel, entreprise marocaine leader en matière d’acier galvanisé et
autres produits dérivés depuis 1975, implantée à Casablanca, salarie
environ 1500 personnes. En 2012, elle produisait 2,9 tonnes d’acier. Elle
exporte plus de la moitié de sa production et est sous-traitante depuis
quelques mois de Renault Maroc et de PSA Espagne et Portugal.


Les salariés de Maghreb Steel dénoncent depuis le début des conditions de
travail non sécurisées qui mènent à des maladies chroniques et des
incapacités physiques. Aujourd’hui 70 % des salaires avoisinent les 3000
Dh alors qu’un loyer simple à Casa est supérieur à 2000 Dh ; les primes de
naissance et de décès ont été supprimés il y a 3 ans ; l’entreprise refuse
de déclarer les accidents du travail, les frais de santé restant à la
charge du salarié.

Le 26 mars 2015, un syndicat affilié à l’UMT est créé et reconnu par
l’entreprise en juin 2015. Il demande alors une prime pour le travail de
nuit, une prime pour l’Aïd Al Adha, l’ouverture du dialogue sur les
rémunérations. Le directeur refuse tout dialogue et lance une guerre
contre le syndicat avec la complicité du Ministère du travail, du
gouvernement et autres autorités marocaines.

Suite à la protestation des salariés (port du brassard pendant 7 jours),
le directeur commence à harceler les salariés jour, nuit et week end pour
qu’ils quittent le syndicat. Les salariés décident d’une grève de 24
heures fin juillet, 40 militants seront arrêtés à l’entrée de l’usine par
les agents de sécurité. Une grève ouverte de 24 jours commencent alors,
une partie des salariés occupant l’usine (notamment pour des raisons de
sécurité).

Le travail reprend après négociation le 28 août 2015.
Mais le directeur ne respecte pas le résultat des négociations.

60
militants sont sanctionnés, 7 autres sont licenciés abusivement dont 2
membres du bureau syndical et délégués du personnel, la sécurité sur le
site est renforcée (500 agents sont recrutés, des grillages sont installés
entre l’administration et l’usine), 50 intérimaires sont embauchés.
Suite à ces événements, les salariés se mettent en grève le 19 décembre
2015. Au 3ème jour de grève, ils sont 1150 grévistes. Le directeur tente
de faire venir des travailleurs d’autres régions, notamment de Youssoufia
(région où il y a une exploitation de l’Office Chérifien des Phosphates et
beaucoup de chômage), pour casser la grève. Ces derniers, comprenant
pourquoi ils ont été embauchés, refusent d’aller travailler et se
solidarisent avec les grévistes. Le directeur continue de recourir à des
intérimaires pour faire tourner l’usine ; et aux menaces, harcèlements,
fausses accusations pour tenter de faire céder les grévistes.

Les sit-in organisés devant la Banque Populaire Centrale de Casablanca
(membre du conseil d’administration de Maghreb Steel) les 4, 12 et 17 mai
2016 ont été réprimés violemment.

Mi juin 2016, ils ont encore 630 salarié-e-s en grève et demandent :

* le versement des salaires de plus de 450 militants pour le dernier mois
travaillé

* la reprise de l’ensemble des militants y compris les 7 licenciés

* le respect de la liberté et des droits syndicaux

* un arrêt des abus

* une négociation sérieuse pour satisfaire les demandes du syndicat

Grévistes, ils ne bénéficient plus de l’assurance maladie et risquent de
se trouver bientôt sans logement. Ils continuent cependant d’organiser des
sit-ins 2 fois par semaine – une équipe restant en permanence à côté de
l’usine – soutenus au Maroc par l’UMT, l’Association Marocaine des Droits
Humains (AMDH), ATTAC, Annahj addimocrati et au niveau international par
IndustriAll Global Union.
Les salariés en grève appellent à une médiatisation de leur lutte et à un
soutien international.