Lettre à Madame Louise ARBOUR Haut Commissaire aux Droits de l’Homme des Nations Unies

L’Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique s’inquiète de l’engrenage de répression violente dont les manifestants pacifiques sahraouis sont victimes. Ces violences s’exercent dans la zone du Sahara Occidental occupé par le royaume marocain, mais également dans le sud du Maroc et dans les universités où les étudiants sahraouis revendiquent comme leurs aînés de pouvoir s’exprimer dans un référendum d’autodétermination sur leur avenir et celui de leur pays.


Il nous semble que les forces de police estiment agir en toute impunité dans la mesure où leurs actes n’ont fait l’objet d’aucune condamnation de la part du Conseil de Sécurité de l’ONU et que la presse internationale maintient le silence. Elles se sont permis de poursuivre leur sinistre besogne alors que la mission du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU se trouvait à El Ayoun pour enquêter sur les violations des droits humains au Sahara Occidental.

En effet, le 17 mai, alors que la mission recevait à l’hôtel Parador des représentants des différentes associations sahraouies des droits humains, de graves évènements se produisaient à quelques centaines de mètres de sa résidence : une manifestation était violemment réprimée par les forces de sécurité marocaines, provoquant des dizaines de blessés et d’arrestations. Le fait que les enquêteurs n’aient pu aller constater sur place ces faits nous interpelle. Le même jour, trois défenseurs sahraouis des droits de l’homme qui venaient de les rencontrer, Bachir Lekhvaounni, Daha Rahmouni et Mohamed Fadel El Hairech étaient arrêtées par la police à la sortie de votre hôtel et relâchés quelques heures plus tard.

Le 18 mai, Mohamed Fadel Elhairach, reçu par la commission la veille et son frère Bechraya, ont été arrêtés en fin d’après-midi. Le même jour, les autorités marocaines ont empêché le Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’homme de se rendre à la réunion convenue la veille avec la mission.

Cette arrogance à l’égard des représentants de la communauté internationale et ce déni de liberté envers une population qui subit la répression depuis plus de 30 ans nous indignent. Ils font peser de graves interrogation sur le respect nécessaire du rôle des instances internationales et sur le respect du Droit International en général.

Nous craignons enfin un embrasement plus grave du fait des provocations policières à susciter des affrontement entre les populations sahraouies et qui cohabitent sans difficulté notoires depuis la colonisation de peuplement opérée par le précédent roi dans les années 90. A ce jour l’esprit de responsabilité des civils sahraouis les a déjouées, mais jusqu’à quand ?

Nous adressons à vous afin que vous interveniez auprès des autorités marocaines pour que cette dramatique et explosive situation cesse au plus vite. Nous vous demandons que les Nations Unies dénoncent une fois pour toutes les violations des droits humains perpétrées par l’Etat marocain au Sahara Occidental (détentions arbitraires, torture, disparitions forcées…) et fassent respecter dans cette région du monde le Droit International

Recevez, Madame le Haut Commissaire, l’expression de ma parfaite considération.

Jean Paul ESCOFFIER Président de l’AFASPA

Bagnolet le 24 Mai 2006