LES PRISONNIERS POLITIQUES SAHRAOUIS EN GREVE DE LA FAIM

Sept militants (dont une femme) ont été arrêtés le 8 octobre 2009 à l’aéroport de Casablanca à leur retour d’une visite dans les campements de réfugiés sahraouis en Algérie. Ils ont été mis au secret à Salé au Maroc pendant plusieurs semaines, en dépit de la loi, avant de comparaître devant un juge d’instruction militaire le 30 décembre 2009. L’enquête approfondie qui a été menée n’a conduit à aucune décision quant aux suites judiciaires qui seront données à leur arrestation arbitraire. La justice ne dispose en l’occurrence que d’un dossier vide de toute atteinte au droit qu’elle est sensée faire respecter. Nous sommes là en présence d’une sanction politique pure et simple qui n’avoue pas son nom.


Compte tenu de cette situation, ces prisonniers d’opinion qui n’ont obtenu aucune réponse à leur demande de mise en liberté ont décidé d’utiliser l’ultime moyen qui leur reste pour faire valoir leurs droits : la grève de la faim observée depuis le jeudi 18 mars dernier par 5 d’entre eux. Il s’agit de :

– Ahmed Naciri Secrétaire général du Comité Sahraoui des Droits de l’Homme de Smara (18 mois de disparition forcée sous Hassan II et 18 mois de prison sous Mohamed VI)

– Brahim Dahane Président de l’ASVDH – Association Sahraouie des Victimes des violations graves des Droits de l’Homme ( 3 ans 7 mois de disparition forcée sous Hassan II et 6 mois de prison sous Mohamed VI)

– Ali Salem Tamek Vice Président du CODESA-Collectif des Défenseurs Sahraouis des droits de l’Homme (1 an et 5 mois de prison sous Hassan II et 2 ans et 1mois de prison sous Mohamed VI)
– Yahdih Etarouzi membre de la section de Laayoune de l’AMDH-Association Marocaine des Droits de l’Homme (10 mois de prison)

– Rachid Sghayer membre du Comité d’Action Contre la Torture de Dakhla (arrêté 2 jours en 1988 à l’âge de 14 ans, torturé lors de 3 arrestations en 2008 et 2009).

Saleh Lebaihi Président du Forum de la protection des enfants sahraouis (tabassé lors de manifestations en 2008 et 2009) et Mme Degja Lachgar membre de l’ASVDH (victime de la disparition forcée durant 10 ans et 6 mois, actuellement en liberté provisoire) sont tous deux exemptés de la grève de la faim compte tenu de leur état de santé.

Cette situation est d’autant plus incohérente qu’un autre groupe de 11 militants sahraouis ont effectué une même visite dans les campements sahraouis et en sont revenu, dans les mêmes conditions sur les lignes régulières entre le Maroc et l’Algérie, sans être arrêtés ou poursuivis.

Actuellement on dénombre 56 prisonniers d’opinion sahraouis incarcérés dans 10 prisons marocaines dont certains condamnés à de lourdes peines, comme Yahia Mohamed Elhafed Iaaza condamné à 15 ans de prison. Plusieurs d’entre eux ont entamé une grève de la faim en solidarité avec le groupe des 7 défenseurs des droits de l’Homme.

La déclaration publique d’Amnesty International du 13 octobre 2009 (en annexe) indique qu’ils sont « détenus uniquement pour avoir exprimé, sans recourir à la violence ni prôner son usage, leur soutien à l’autodétermination du peuple sahraoui. » De son côté, l’organisation Human Rights Watch dans son rapport mondial sur la situation au Maroc en 2009 « la situation s’est globalement détériorée (…) De nombreux Sahraouis ont été inculpés ou emprisonnés à cause de leurs revendications pacifiques en faveur de l’autodétermination pour le Sahara occidental. Les restrictions pour raisons politiques du droit de voyager se sont multipliées. » (en annexe)

L’ISSUE DU MOUVEMENT

Les grévistes de la faim ont cessé leur mouvement de protestation à l’issue de 41 jours de jeûne, après avoir obtenu satisfaction à leurs revendications. On attend leur libération.