Les dangers d’une intervention colonialiste en Syrie

Les « aventures militaires » se suivent et se ressemblent dans divers points du globe pour chasser des dictateurs en place, « amis » d’hier, «indésirables » aujourd’hui. Interventions toujours justifiées au nom du respect des droits de l’homme dont certains découvrent soudainement qu’ils sont bafoués !


Pourtant chacune des ces interventions se sont soldées par des milliers de victimes, de déplacés et de réfugiés parmi les populations civiles, sans pour autant que les problèmes posés aient trouvé une issue politique : Afghanistan, Irak, Libye, Mali et demain la Syrie ?

Une fois de plus, ce sont les anciennes puissances coloniales : France, Grande Bretagne, Turquie, impliquées depuis le 19ème siècle dans la région, qui orchestrent un discours va-t-en-guerre, entrainant derrière elles avec la bénédiction des USA les sous-traitants régionaux de l’impérialisme : Arabie Saoudite et Qatar, deux grands promoteurs de l’islamisme intégriste. Il y a là une alliance hétéroclite d’Etats qui hypocritement prétendent combattre le terrorisme, mais qui dans les faits le financent et l’arment.

L’Arabie Saoudite et le Qatar ont également poussé à la fracture entre sunnites et chiites ce qui conduit à des massacres interconfessionnelles de mases. Cette activation des violences religieuses et interethniques sert d’écran de fumée et permet de jeter un voile pudique sur les enjeux de prédations économiques de l’impérialisme colonial occidental qui ici poursuit plusieurs objectifs :

– déstabiliser les Etats nationalistes forts et hostiles à ses desseins de domination géostratégique,

– rebattre et redistribuer les cartes de manière à imposer les règles de la mondialisation néolibérale capitaliste.

Dans ce jeu, l’Iran reste l’ennemi à abattre. Et pour y parvenir l’impérialisme allume, le feu en Syrie son allié.
L’AFASPA réaffirme que les peuples du Proche Orient n’ont rien de positif à attendre d’une telle option. Combien de morts comptabiliserons-nous parmi les populations de Syrie, du Liban et de toute la région dans les mois suivant une telle aventure guerrière ?

L’AFASPA ne sous-estime nullement la politique répressive du régime syrien. Tout comme elle déplore l’aveuglement d’une communauté internationale qui en son temps n’a pas su ou voulu soutenir le combat politique d’une opposition républicaine, démocratique laïque interne en Syrie.
Aussi elle condamne avec vigueur les tambours de guerre coloniale qui se font entendre porteurs de massacres de masses aux missiles, dans un contexte local et régional totalement investi par des hordes de salafistes haineux et violents vis-à-vis de toute opposition démocratique.

Que vise donc l’élan guerrier colonial du gouvernement français en Syrie au côté des djihadistes ? Est-ce une manière de faire diversion pour noyer le mécontentement populaire dans un consensus national en cette rentrée sociale?

L’Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique, fidèle à ses principes de luttes anticoloniales pour la paix, le respect de la souveraineté des peuples, demande aux députés qui le 4 Septembre débattront de la question de Syrie de refuser l’intervention militaire envisagée par le Président de la République.

Bagnolet le 31 août 2013