LE NUMERO 109 (DE SEPTEMBRE 2008) DE LA REVUE « AUJOURD’HUI L’AFRIQUE » EST PARU

Le billet de Francis Arzalier : HUMANITAIRE OU BARBARIE

Aucun peuple n’est malheureusement immunisé contre les dérives xénophobes, même ceux qui ont eu longtemps à souffrir du racisme. Les petits enfants israéliens des déportés dans les camps nazis se sont parfois transformés en colons ou tortionnaires en Palestine occupée ; même phénomène regrettable en Afrique dont les peuples subirent si longtemps la colonisation et souffrent encore de l’exploitation étrangère.

En Côte-d’Ivoire, des politiciens imbéciles flattent l’« ivoirité » de leur clientèle contre les immigrés burkinabés qui ont fait la richesse du pays ; il en est de même de Le Pen et Sarkozy classant l’identité « française ». En Afrique du Sud, des enfants de victimes de l’apartheid ont organisé la chasse aux travailleurs étrangers, pauvres diables venus du Zimbabwe, misérables voisins ; ces « ratonnades » criminelles d’abord mollement combattues par la police du président Mbéki ont été heureusement dénoncées avec virulence par Nelson Mandela ; Jacob Zuma, dirigeant élu de l’ANC, a attribué à juste titre la cause de ces dérives, au chômage massif, à la pauvreté de beaucoup, aux inégalités sociales croissantes dans un « pays de l’arc en ciel” livré par Mbéki et son entourage à la loi inhumaine du marché.

Car dans ces contrées, livrées aux mêmes règles que le reste du monde, il existe, n’en déplaise aux autruches à la mode, quelques riches de plus en plus riches et des masses de pauvres de plus en plus pauvres, des classes sociales privilégiées, souvent avec l’aide de l’étranger et d’autre surexploitées qui ne rêvent que de la fuite vers un eldorado imaginaire ou qui perdent leur âme en trouvant un bouc émissaire à pourchasser.

N’importe qui peut en ce début de 21ème siècle jouer les prophètes et prédire à ce monde, Afrique comprise, des explosions sanglantes inévitables s’il n’est pas capable de mettre à la raison, pays par pays, les maîtres des états et des économies, qui soumettent hommes et peuples aux désirs des actionnaires du « marché » au lieu des besoins de chacun.

Chacun peut appeler comme il le veut cette société future au service des hommes et non plus des boursicoteurs et des banquiers; en tout cas, en Afrique comme ailleurs, ce sera elle ou la barbarie qui sourd ici ou là…

Notre France n’est malheureusement pas en reste ; nous avons notre contingent de xénophobes et racistes bien au-delà du Front National, assurés de soutiens tacites jusqu’au cour du pouvoir politique : un président et un gouvernement qui n’hésitent pas à encenser Césaire mort, ne trouvent rien à dire à cette circulaire scandaleuse expédiée aux Préfets les incitant à pourchasser les militants « anarcho-autonomes » du Réseau Éducation sans Frontière (RESF) qui réussissent parfois à empêcher l’expulsion d’enfants jugés indignes d’être français… barbarie française, barbarie européenne : cette « Europe des 27 » qui ne nous veut, selon nos politiciens de droite et de gauche, que du bien et n’accouche que de reculs sociaux, vient de décider que tout sans papier pourra être retenu six (6) mois durant dans un coma « de rétention » ou « de transit » sur simple procédure administrative et policière. Décision de ces mêmes « Européens » qui n’ont à la bouche que la liberté de déplacement des capitaux, des marchandises, des hommes même, tous au service du « marché ».


AU SOMMAIRE du n°109 :

– Billet : Humanitaire ou barbarie, de Francis Arzalier

Une arme de la mondialisation : la faim, de Jean Chatain

Afrique, Europe et nouvelle géopolique mondiale, de Jean Paul Escoffier

Les fonds des migrants : un enjeu de développement ?, de Jean Paul Escoffier

Sortir de la crise sans violence. Les Assises Nationales du Sénégal – une interview d’Amath Dansokho, par Jean Louis Glory

Mumia, symbole de la discrimination raciale aux USA, condamné à mort parce qu’Africain et Américain !, de Claude Guillaumaud-Pujol

Dossier : Voyage au Bénin d’aujourd’hui

* A la découverte du Bénin -ex-Dahomey, de Maryse Dullier

* Le vaudou, de Robert Lejeune

Le « NON » de la Guinée (28 septembre 1958) Archives : Article de Jean Suret-Canal

Hommage à Ruben Um Nyobé, de Pierre Kaldor

L’AKFM a 50 ans : la lutte continue !, de Eric Rakotomanga

Le MONIMA : un parti dans la ligne du « Congrès de l’Indépendance de mai 1958 », de Antso Rabearimanana

La Sénégambie, il y a deux siècles, de Roger Little

Ephéméride africain, de Robert Lavaud

Notes de lectures

Pétition et courrier des lecteurs

Pêle-mêle