Une nouvelle démarche politique citoyenne se crée en Afrique subsaharienne pour réfuter les compromissions des « élites » dans des politiques libérales qui pillent le continent et appauvrissent les populations. Ces mouvements sont portés par les jeunes générations africaines, leurs leaders sont des quarantenaires. Ils ne sont pas à la recherche de mandats électifs, mais s’attachent à éveiller les consciences en démasquant l’origine des maux de leurs pays, en donnant des perspectives d’une autre gouvernance. Ils combattent pacifiquement l’épidémie des mandats à vie que de trop nombreux présidents africains ambitionnent.
Ces mouvements s’inspirent des idées panafricaines des leaders des indépendances. C’est ce qui a été insupportable pour les autorités congolaises qui ont procédé à de nombreuses arrestations lors d’une rencontre inter africaine d’échanges d’expériences.
Trois journalistes français (AFP, RTBF, BBC), deux journalistes congolais (BBC et Antenne A), un Français qui participait à l’organisation de la rencontre et un diplomate américain avaient été arrêtés. Tous ont été libérés dans la soirée mais, lundi soir, le journaliste d’Antenne A restait détenu. Par contre les leaders des mouvements citoyens sont toujours retenus. Il s’agit de Fred Bauma de Lucha, Oscibi Johann du Balai citoyen du Burkina Faso et de Fadel Barro, Aliou Sané et le rappeur Fou malade de Y’en a marre au Sénégal et de militants de Filimbi (le sifflet), mouvement récemment créé en RDC.
Ils sont accusés de « préparer l’insurrection », alors que leur démarche est la « positive attitude » pacifique. D’ailleurs comme le soulignent les militants congolais « nous n’avons pas attendu cette rencontre pour descendre dans la rue » à l’heure de la contestation d’un projet de révision de la loi électorale qui permettrait de prolonger le mandat du président Kabila après la fin 2016, date de la fin de son quinquennat, et que la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat.
« Y’en a marre » a été un acteur majeur du combat contre un troisième mandat du président sénégalais Abdoulaye Wade (2000-2012), et le « Balai citoyen » a été en pointe dans la « révolution » qui a chassé le président burkinabè Blaise Compaoré en octobre 2014.
Nous aurons l’occasion de débattre de cette approche panafricaine citoyenne lors de l’atelier que l’AFAPSA organise à l’occasion du prochain Forum Social Mondial de Tunis sur le thème : Casser la recolonisation de l’Afrique préparée par le chaos libéral organisé. Reconquérir l’indépendance nationale et réaliser l’émancipation sociale . Il se tiendra au campus universitaire le Mercredi 25 de 15h à 17h30 Salle I211-I210.