Le Président du pays dont la France a scellé une indépendance sans souveraineté, peut remercier De Gaulle et les sept présidents français qui lui ont succédé d’avoir assuré la « stabilité » du siège présidentiel du Cameroun après une intervention militaire pré et post-indépendance d’une quinzaine d’années.
C’est donc dans une belle continuité que Paul Biya s’accroche à son fauteuil en matant toute contestation venue d’opposants et en embastillant celles et ceux qui contestent ses décisions et les orientations de son gouvernement. Les marches pacifiques du 22 septembre à l’appel des partis politiques et des organisations de la société civile ont été durement réprimées. Les participants contestaient l’organisation des élection régionales qui se préparaient sans une réforme préalable du code électoral et sans que soit réglé la sécurité dans les zones anglophones. A Douala on a dénombré plus de 500 arrestations.
Le Président n’encombre pas toujours sa « Justice » avec des procès puisque les contestataires peuvent incarcérés de nombreux mois puis libérés quand la pression internationale se fait trop forte sans passer par la « case tribunal ».
Les exemples les plus célèbres sont ceux de
– Emmanuel Mbombog Matip, directeur du journal Climat social, enlevé à son domicile par 6 hommes armés le 6 août 2020, alors qu’il menait deux enquêtes impliquant plusieurs personnalités haut placées du régime camerounais. En mai il a observé une grève de la faim pour dénoncer ses conditions de détention à la prion centrale de Kondengui de Yaoundé. Il a finalement été relâché sans explication sur ordre d’un tribunal militaire.
– Amadou Vamoulké, ancien directeur de la Cameroon radio-télévision, âgé de 71 ans, n’a pas autant de chance, il est détenu depuis près de cinq ans à Kondengui sans avoir été jugé.
– Maurice Kamto, Président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), arrivé second à l’élection présidentielle de 2018, qu’il estime avoir gagnée, a été arrêté en janvier 2019 puis remis en liberté en vertu d’un arrêté présidentiel en octobre 2019, puis de nouveau appréhendé le 20 septembre 2020 et assigné à résidence jusqu’au 8 décembre.
124 détenus, se définissant comme « otages politiques de Paul Biya » ont annoncé qu’ils refusaient à l’avenir de se comparaître devant les tribunaux camerounais pour ne pas se prêter à une parodie de justice.
Le 27 décembre 2021, 47 militants de l’opposition arrêtés le 20 septembre 2020 ont été condamnés à des peines de 1 à 7 années de prison ferme.
Remplir les prisons des voix discordantes et s’assurer de la complicité de ses parrains, telle est la recette actuellement mise en uvre par le dictateur au Cameroun.