Grève de la faim d’une mère sahraouie

« Justice pour mon fils! » c’est ce qu’exige cette mère dont le fils Mohamed Lamine Haidal, 20 ans, est décédé après avoir été tabassé par cinq Marocains le 8 février 2015. Les autorités marocaines refusent d’enquêter sur cet assassinat, de réaliser une autopsie, ce qui rappelle le cas de Saïd Dembar abattu par un policier marocain d’une balle en plein front le 22 décembre 2010.
Le régime marocain est responsable à plus d’un titre de la tension entre la population marocaine et sahraouie. D’une part en attisant la haine des ressortissants marocains installés dans la colonie et dans le fonctionnement de la Justice qui n’a rien d’indépendante et de toutes ses institutions qui pratiquent une ségrégation insupportable à l’égard des Sahraouis.


L’AFASPA a adressé une lettre au Président de la République Française pour qu’il intervienne auprès des autorités marocaines.

Monsieur le Président,

Comme vous le savez, le Maroc occupe le Sahara Occidental depuis bientôt quarante ans. Le statut de ce territoire non-autonome est toujours en litige, et le peuple sahraoui n’a pu exercer son droit à disposer de lui-même, pourtant inaliénable aux yeux de l’ONU.

Dans ce contexte, une jeune femme sahraouie d’une quarantaine d’années, Takbar Haddi, poursuit à Las Palmas de Gran Canaria une grève de la faim illimitée depuis le 15 mai. Son fils, Mohamed Lamine Haidala, 20 ans, est mort le 8 février dernier après avoir été tabassé à El Aïoun (capitale du Sahara Occidental) par cinq colons marocains. Les autorités d’occupation ont refusé de rendre le corps à sa famille, car celle-ci réclamait une autopsie indépendante, la publication des causes du décès, et la poursuite des présumés coupables.

29 jours après, les autorités marocaines refusent toujours à Madame Haddi la possibilité de connaître la vérité, et celle de faire son deuil. Cela constitue une violation particulièrement odieuse de ses droits humains, et une atteinte à son intégrité physique et morale. Cette femme est déterminée à aller jusqu’au bout, car pour elle la vie ne vaut rien sans la réparation de la mort de son fils.

Devant ce terrible risque, connaissant les relations privilégiées que la France entretient avec le Maroc dont elle soutient la proposition d’autonomie pour le Sahara à l’ONU, nous vous prions instamment, Monsieur le Président, d’intervenir auprès des autorités marocaines afin que justice soit rendue à Takbar Haddi, victime personnelle à travers le sort de son fils, mais aussi victime politique de la non-résolution du conflit par la Communauté internationale qui en a la charge. Vous en avez la possibilité.

Nous ne doutons pas que vous le ferez.

Dans cette attente, et dans celle de la réponse que vous voudrez bien nous faire, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.