D’un continent à l’autre, le néocolonialisme rapporte gros

Accaparements, exploitation et pollution des terre des peuples indigènes, des crimes que la justice peine à condamner, voire à faire respecter ses condamnations…


Le Courrier International révèle qu’en Équateur, c’est après 25 ans de procédure judiciaire qu’un collectif d’indiens d’une région amazonienne a gagné son procès à l’encontre que le géant pétrolier Chevron Texaco, reconnu responsable de dégâts environnementaux. Depuis 2011 le plus grand pollueur de la planète refusait de payer l’amende de 9,5 milliards de dollars de réparation que lui avait infligé la cour de la province de Sucumbios. Mais « la terre est morte » sur le territoire de 450 000 hectares où vivent 30 000 personnes et si les juteux bénéfices empochés par les actionnaires, combien de cancers et autres maladies auront détruit la vie et la santé des populations waorani qui attendront sans doute longtemps d’être indemnisées.

Chevron-Texaco, après avoir causé durant 12 ans des dégâts environnementaux qui ont coûté la vie à des habitants de la province Amazonienne de Sucumbios, a refusé de payer l’indemnisation fixée par la justice équatorienne et a fait appel à des tribunaux internationaux d’arbitrage pour régler ce différend.

Autre affaire de « délinquance en col blanc » révélée par le journal belge l’Echo : la sentence du tribunal correctionnel de Bruxelles qui a condamné pour corruption active l’homme d’affaires Hubert Fabri, patron du groupe belge Socfin, dont Vincent Bolloré est actionnaire à 38,7 %, et quatre de ses hauts cadres. Le géant mondial du caoutchouc et de l’huile de palme emploie 45.000 personnes à travers le monde, principalement en Afrique et Asie du Sud-Est. Le bénéfice du «schéma de corruption » qu’ils avaient élaboré revenait, en Guinée, à une haute fonctionnaire, mais les éclaboussures auraient touché le Premier Ministre.

C’est la société-écran West African Trading, basée à Guernesey et détentrice des contrats de commercialisation entre les plantations du groupe Socfin et la Soguipah, qui se chargeait de transférer les 6 % du prix d’achat du caoutchouc sur le compte de la « bénéficiaire ». Cette dernière devait toutefois partager le pactole avec des comparses incontournables. Ainsi les investigations ont mis en lumière des versements à des dignitaires guinéens, parmi lesquels l’ancien ministre et ambassadeur de Guinée à Bruxelles,Ibrahima Fofana et l’ancien ministre des Finances nommé Premier ministre par Alpha Condé en mai 2018, qui aurait bénéficié d’un versement d’environ 50.000 euros.

Quand la victime est un peuple du Sud, la criminalité en col blanc n’est condamnée qu’avec sursis : dans le cas présent pour Hubert Fabri et ses comparses 12 mois de prison et 6000 euros d’amende. La Ministre de l’agriculture, Mariama Camara, a été elle condamnée à 20 mois de prison avec sursis, 12.000 euros d’amende, ainsi que plus de 300.000 euros de confiscation.