A 7 mois de l’élection présidentielle d’avril 2016 qui s’approche, la Ligue Djiboutienne des Droits Humains souhaite attirer l’attention de la communauté nationale et internationale sur le risque de l’explosion de la situation politique déjà précaire qui prévaut en République de Djibouti depuis la grave crise post-électorale des législatives du 22 février 2013.
Faut-il rappeler d’abord que la République de Djibouti n’a connu 2 présidents depuis son indépendance le 27 juin 1977 malgré la tenue régulière depuis 1981 des élections présidentielles, législatives et régionales sans que cela n’a abouti à une alternance politique car le même parti unique est au pouvoir et les fraudes électorales ont toujours fait l’objet des contestations de l’opposition.
Constatant aujourd’hui 31 août 2015 la fermeture des listes électorales selon le Ministère de l’Intérieur alors que beaucoup des citoyens djiboutiens ne se sont pas enregistrés car la majorité des djiboutiens n’ont plus la confiance à la transparence ni au sens même des élections, soient qu’ils n’ont pas accès ou qu’ils n’ont pas changé leurs cartes d’identités pour la nouvelle carte d’identité numérique promulguée.
Considérant que l’accord-cadre signé le 30 décembre 2014 entre le gouvernement et la coalition de l’opposition USN et salué par l’ensemble de la communauté internationale, n’a pas engendré les réformes démocratiques attendues comme la mise en place d’une Commission électorale nationale indépendante (CENI) et le Chef de la partie gouvernementale au sein de la commission paritaire parlementaire établie pour l’application des points conclus dans l’accord, a récemment déclaré à la radio et télévision nationales que « notre pays n’a pas besoin de reforme sur la CENI actuelle ». Dernière victime de cet accord politique est Monsieur Fayçal Mohamed Hadi, ancien secrétaire général de la Chambre de Commerce de Djibouti révoqué illégalement de son poste et membre dirigeant de l’USN , a été arrêté et détenu au secret hier par les agents de la SDS qui ont également fouillé sa maison lors de son arrestation arbitraire car aucun mandat d’arrêt n’avait été délivré par la Justice.
S’inquiétant du conflit armé qui sévit au Nord du pays entre les forces gouvernementales et la rébellion FRUD avec les ratissages fréquents de cette région depuis le mois d’avril 2015 jusqu’aujourd’hui et son lot des victimes parmi la population civile nomade.
Rappelant la situation déplorable des réfugiés yéménites installés dans une zone perméable et proche du conflit à Obock où déjà des médias internationaux ont exprimé leur inquiétude que des « terroristes peuvent s’infiltrer parmi les réfugiés yéménites ». Cette situation mérite une attention particulière dans une zone où se disputent par ailleurs les Américains et les Chinois pour y installer leurs bases militaires.
Déplorant que la précarité de la population s’est accentuée avec l’effondrement du système de santé publique et le torpillage de l’éducation nationale sont les préludes d’une catastrophe programmée avec le risque d’implosion d’une crise sociale aux conséquences graves.
Contestant la corruption effrénée et généralisée conjuguée à l’inflation galopante étrangle les citoyens ordinaires qui vivent au dessous du seuil de pauvreté sans oublier les retards des salaires qui s’allongent et les coupes annuels opérés sur les salaires des travailleurs qui ne suffisent pas à une vie décente.
Soulignant que la jeunesse constitue la première richesse du pays , a perdu aujourd’hui tout espoir face au chômage de masse et l’absence d’opportunités de travailler à l’étranger avec des qualifications peut mettre en péril leur vie en tentant la tragédie de l’immigration.
Condamnant le surendettement irresponsable du pays vis-à-vis de la Chine de la part du régime en place fait planer la vente de la souveraineté nationale de Djibouti car le taux d’endettement étant de 120% sur les dos des contribuables djiboutiens. Les premières victimes de l’installation des chinois sont les 100 familles des anciens cheminots délogés de leur demeure au profit des Chinois qui lancent l’OPA sur toutes les infrastructures et potentialités du pays.
Face à ce constat, nous pensons que tous les ingrédients sont réunis pour une possible implosion du pays en regard du comportement d’un régime dictatorial hostile à toute ouverture politique .
Par conséquent, dans le cadre de sa mission de prévention des conflits, la LDDH lance la présente alerte à la communauté nationale et internationale sur le risque encouru par le pays en tant que Nation avec le pourrissement de la situation.
Le Président de la LDDH : Omar Ali Ewado
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