« Arche de Zoé » : AVENTURISME HUMANITAIRE ET RÉCUPÉRATION POLITICIENNE.
Une collusion pour brouiller encore plus l’enjeu de la guerre du Darfour
Au fil des jours, les informations dévoilent la démarche irresponsable et méprisante pour la population africaine de la part de certains qui se « missionnent » pour « sauver » les enfants.
De son côté, le Président du Tchad, Idriss Débi, dispose d’une formidable opportunité afin de faire pression sur la France pour empêcher la mise en place de forces d’interposition au Darfour, auxquelles tout le monde sait qu’il est opposé. Depuis quand en effet, le président tchadien a-t-il de la compassion pour les enfants, du Darfour ou du Tchad ? Il n’est une référence ni de démocratie, ni de pacifisme.
L’empressement tardif des autorités françaises à s’émouvoir d’une situation à laquelle elles n’ont pas su ni voulu s’opposer, cache mal les dysfonctionnements voire les complicités dans cette entreprise aventureuse.
– A qui fera-t-on croire que l’association américaine Children rescue a pu disposer d’avions militaires français pour des transports d’enfants sans que l’Ambassade de France ait donné son feu-vert ? Et si elle l’a fait, à quel titre ?
– A l’heure de la chasse aux sans-papiers, à qui fera-t-on croire que la France ouvre son espace aérien et accueille sur son territoire un avion avec 103 mineurs étrangers à bord, Africains qui plus est, sans passeport ni visa, alors que le Quai d’Orsay aurait donné un avis défavorable à l’opération de l’association Arche de Zoé ?
– Quel est le fond de l’accord passé entre les deux Présidents qui a permis à Nicolas Sarkozy de régler en deux heures le rapatriement de 3 journalistes français et 6 hôtesses de l’air espagnoles ?
Reste que cette dérive de l’humanitaire n’est autre que l’aboutissement du concept d' »ingérence humanitaire » prôné par Bernard Kouchner depuis 1987, pour qui « la référence suprême ne peut être le droit, mais la morale et la compassion » et d’ajouter que « l’ingérence humanitaire préfigure, au loin, un gouvernement mondial dans lequel les citoyens des pays riches se chargent de la misère humaine ».
Reste que 103 enfants ont failli être victimes d’une séparation forcée de leurs familles par des gens qui n’ont aucun scrupule à humilier la population africaine « pour son bien ».
Reste que les protagonistes et leurs soutiens dans cette lamentable affaire, camouflent ainsi un peu plus les enjeux pétrolifères de la guerre au Darfour.
Pour tous ceux qui veulent préserver les Africains des horreurs de la guerre :
– exigez l’arrêt du pillage des richesses de l’Afrique ;
– exigez l’arrêt des ventes d’armes par les Etats qui les fabriquent et les privés qui en font le trafic ;
– exigez que les Tribunaux tchadien et français qui ont été saisis de cette affaire puissent travailler en bonne coopération, sans pression de leurs Etats, afin que toute la clarté soit faite sur les conditions de préparation et de déroulement de cette opération conduite par l’Arche de Zoé.
AFASPA
Bagnolet, le 5 novembre 2007