Alors que les pourparlers de paix entre le Maroc et le Front Polisario reprennent sous l’égide de l’ONU…

Certaines forces, à l’intérieur de l’administration américaine, essaient de pousser le Gouvernement Bush à une rupture totale avec la position constructive adoptée par le passé par Washington et soutenant l’autodétermination , pour privilégier la position marocaine. Dans le même temps, plusieurs sénateurs et congressmen ont adressé une lettre au président George W. Bush dans laquelle ils réaffirment le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et dénoncent, comme une violation du droit international, la tentative de Rabat d’imposer comme seule solution au conflit une autonomie sous souveraineté marocaine.


Le document est signé par de nombreux sénateurs, dont Edward M. Kennedy, président de la Commission de la santé, de l’éducation et du travail, James M. Inhofe, ancien président de la sous-commission Afrique et membre influent de la commission des relations étrangères, Russel D. Feingold, président de la sous-commission Afrique.
Plusieurs membres de la Chambre des représentants (députés) ont également apporté
leur soutien à cette nouvelle adresse au président Bush.

«Nous exprimons notre profonde préoccupation quant au conflit qui perdure au Sahara Occidental», écrivent les parlementaires américains qui
expriment également leur inquiétude des conséquences des déclarations d’officiels
de l’administration américaine apportant leur soutien à «l’unilatéralisme et à l’intransigeance de Rabat», et qui menacent de remettre en cause les efforts déployés de longue date par les Etats-Unis et les Nations unies pour promouvoir un processus d’autodétermination libre, juste et transparent dans cette dernière colonie en Afrique. Les signataires ajoutent «Récemment, le royaume du Maroc a proposé un plan d’autonomie pour le Sahara
Occidental, plan qui, ni plus ni moins, empêche les Sahraouis de participer au
processus d’autodétermination (…) Il est profondément troublant que le droit à l’autodétermination, comme fondement principal sur lequel est bâti notre pays, puisse être refusé à d’autres peuples, qu’ils soient riches ou pauvres, grands ou petits, Timor-Est ou Sahara Occidental», plaident les parlementaires. «Les Nations unies ont toujours exprimé sans équivoque leur soutien au droit à l’autodétermination. Elles ont soutenu que lorsque des territoires en transition, comme le Sahara Occidental, sortent d’une occupation coloniale, le peuple de ces territoires a le libre choix entre l’indépendance, l’association ou l’intégration à un Etat indépendant» ajoutent les signataires.

Pour sa part, le représentant sahraoui à Washington, s’appuyant sur les différentes déclarations du Gouvernement marocain qui veut imposer le plan d’autonomie du Sahara Occidental comme seule alternative au règlement du conflit, ne croit pas à la bonne foi du Maroc. «Ses tergiversations, son intransigeance et ses manœuvres dilatoires risquent d’aboutir à une impasse et ne fassent échouer les pourparlers de paix» lancés les 18 et 19 juin dernier, sous l’égide des Nations Unies et qui vont se poursuivre les 10 et 11 août à Manhasset, près de New York.

Le Front Polisario est décidé à aller aux négociations des prochains jours «avec les meilleures volontés». «S’il y a rupture du dialogue, cela reviendrait à la position du royaume du Maroc qui cherche seulement à consacrer son occupation du Sahara Occidental, faisant fi des résolutions onusiennes appelant à l’organisation d’un processus d’autodétermination qui inclut aussi l’option d’indépendance.»

Rappelons que le Front Polisario avait accepté qu’outre l’indépendance et l’intégration, une troisième option portant sur l’autonomie soit proposée au vote des sahraouis. Mais le Maroc a refusé que l’option “indépendance” fasse parti du choix des électeurs.