Etre « sans papier » dans son propre pays, c’est ce qui risque d’arriver à Ali Lmrabet, journaliste indépendant, victime de l’arbitraire du pouvoir marocain. Il participe à Genève à la 29ème cession du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU pour y témoigner des entraves à la liberté d’expression dont la presse est l’objet dans son pays.
« J’ai été condamné en 2005 à 10 ans d’interdiction d’exercice de ma profession pour avoir écrit que les populations sahraouies vivant dans les camps de Tindouf en Algérie étaient des « réfugiés » et non des « séquestrés », c’est d’ailleurs ainsi que l’ONU les qualifie. Ces dix années sont terminées depuis le 11 avril. »
Après avoir travaillé pour le journal espagnol El Mundo en Espagne, Ali Lmrabet compte donc relancer ses journaux, interdits au Maroc en 2003 bien que très appréciés de leurs lecteurs. La lourde peine qu’il a subie n’a pas changé ce grand professionnel de l’information, rebelle à toute pression ou injonction. Mais le Makhzen a la dent tenace et ne rechigne pas à enfreindre sa propre loi pour prolonger illégalement l’interdit professionnel. C’est ainsi que le certificat de résidence, nécessaire à toute démarche administrative lui a été retiré, le lendemain-même où le commissaire de sa ville lui avait été délivré !
Cet acte arbitraire, nouveau sous le soleil marocain, a pour conséquence de bloquer sa demande de pièce d’identité : « Mon passeport sera périmé dans quelques jours, pour le prolonger j’ai besoin de ce certificat de résidence. » S’il veut rester en règle avec les autorités helvétiques, il doit donc rentrer chez lui. « Alors le 24 juin je serai un « sans papiers » marocain au Maroc. »
Ce que le régime lui reproche, c’est de ne pas avoir de sujet tabou. Pour lui, tout ce qui est sujet d’information intéressant pour le public, mérite d’être publié. « Certes, je pratique la satire, mais je n’ai jamais été condamné pour diffamation. »
Peu de ses confrères osent franchir comme lui les lignes rouges institutionnalisées. La sacralité du roi ? Ce n’est pas son affaire. A propos du Sahara occidental, il s’est permis de contredire propagande du régime dont le souci essentiel semble être aujourd’hui cette question. Combien de temps ce pouvoir despotique pourra-t-il utiliser cette diversion aux difficultés de vie d’une population de plus en plus confrontées aux besoins vitaux du quotidien ?
Lors d’un panel qui s’est tenu au sein du Palais des Nations Unies en marge du Conseil des Droits de l’Homme, le journaliste a relaté l’acharnement des autorités marocaines à son égard. Il a déclaré se mettre en grève de la faim le jour même.
L’AFASPA l’assure de sa pleine solidarité.
A lire l’article très détaillé sur le site Médiapart en référence ci-dessus