14 JUILLET 2016 : MOBILISATION CONTRE UN PROJET MINIER
ET RÉPRESSION à SOAMAHAMANINA (MADAGASCAR)
Depuis le début de l’année, les passants qui roulent le long de la RN 1 voient les paysans de Soamahamanina à 60 kms de la capitale dans la région Itasy, se rassembler et brandir des banderoles montrant leur refus d’un projet minier chinois.
Cependant au mois de juin, la société arrive sur les lieux avec de nombreux employés chinois, et de multiples gros engins. Le 20 juin l’organisation Justice et Paix organise une grande réunion suivie d’un culte au village pour soutenir les villageois, une église et une école notamment figurent parmi les infrastructures existantes annoncées comme risquant d’être détruites pour les besoins de l’exploitation. Les milliers de personnes, habitants impactés, voisins et journalistes, qui ont assisté à la réunion et voulu marcher vers le site minier, voient que l’entrée du site est protégé par des éléments de la gendarmerie malgache. Une organisation des communautés locales impactées composée de 2 représentants par village est mise en place.
Des organisations de la société civile publient une déclaration de soutien aux villageois qui refusent le projet minier (http://terresmalgaches.info/spip.php?article125). La phrase de cette déclaration mettant en exergue l’absence de considération de la population par le propriétaire du projet et par les autorités des différents niveaux car la majorité des habitants des sept fokontany impactés par le projet d’extraction minière soit n’a pas été consultée, soit a refusé le projet, une réaction d’un responsable d’une structure étatique adressée au Collectif TANY a permis d’avoir un éclairage sur les conceptions différentes de la démocratie : « une consultation publique n’est pas un referendum ».
Le 8 juillet 2016, un plus large regroupement de personnes et d’organisations signent une lettre adressée à Monsieur le Président de la République de Madagascar pour demander l’arrêt du projet et l’annulation des permis miniers qui recouvrent plus de 7 000 ha et incluent d’autres communes limitrophes de Soamaha-manina : http://terresmalgaches.info/spip.php?article131. Aucune réponse n’a été obtenue jusqu’à présent.
Le 14 juillet, de nombreuses familles de Soamahamanina ont affiché des banderoles demandant l’arrêt de l’exploitation minière jusque sur les murs, les portes et les vérandas de leurs maisons. Les forces de l’ordre les ont arrachées en escaladant les murs des maisons dans certains cas, selon les journalistes présents. Ces actes provoquèrent l’indignation des habitants qui décidèrent de marcher vers les bureaux de la commune pour récupérer les banderoles tout en demandant l’arrêt de l’exploitation minière. Les forces de l’ordre ont lancé des gaz lacrymogènes et arrêté un jeune homme. Les protestations des habitants de Soamahamanina contre cette arrestation ont été tellement vigoureuses que les forces de l’ordre ont relâché le jeune homme.
Un journaliste fait remarquer à propos de cette journée que « C’est la première fois depuis l’avènement de la IVème république [malgache] que les jets de grenade lacrymogène ont été adressés à des paysans » http://www.matin.mg/?p=35150
Merci à tous les amis qui ont déjà signé la pétition lancée par l’organisation des fokontany affectés VONA et à ceux qui voudront bien signer : https://secure.avaaz.org/fr/petition/Amoureux_de_la_nature_et_de_Madagascar_Sauvez_la_foret_naturelle_de_TAPIA_une_espece_endemique_de_MADAGASCAR/?clVATkb
En espérant une issue favorable aux paysans dans ce conflit difficile, nous vous remercions à l’avance de votre soutien et vous tiendrons informés de l’évolution de la situation. La solidarité des citoyens du monde constitue en effet une force précieuse pour ceux qui luttent sur place dans un contexte où la liberté d’expression et de la presse fait actuellement l’objet d’un « enterrement », suite au vote du nouveau Code de la Communication par les députés et les sénateurs.
Paris, 16 juillet 2016
Le Collectif pour la Défense des terres malgaches – TANY