Une fois encore une présidentielle, après celle de 2013, pour tenter de sortir « de façon apaisée » de la « crise » politicienne inhérente au coup d’état militaro-civil de 2009. En fait, l’impasse libérale a perduré : multinationales et puissances anciennes et/ou émergentes, alliées à leurs clientèles locales respectives, ont pu accentuer leur emprise en dépit de la multiplication des luttes populaires pour les droits accompagnées par des réseaux de société civile qui ont pleinement joué leur rôle de vigilance, d’alerte et de plaidoyer. Le régime en place a terminé son mandat avec un niveau jamais atteint de corruption et d’impopularité, un coût de la vie effroyable pour l’immense majorité de la population, des poches de famine, une insécurité dans de nombreuses régions, de multiples scandales etc.
38 candidatures, parmi lesquelles celles des quatre anciens présidents, ont été validées pour le premier tour du 17 novembre. En fait, beaucoup de petites candidatures y ont été présentées juste pour pouvoir négocier des ralliements à l’un ou l’autre des qualifiés au second tour. Les budgets non déclarés des « grands candidats » ont été estimés chacun en millions d’euros.
Les deux frères jumeaux néo-libéraux RAJOELINA et RAVALOMANANA ont pu très largement se qualifier au second tour du 19 décembre où le premier qui a porté un « programme » plus populiste, plus décomplexé et plus démagogique l’a emporté. Lors des deux tours, le taux d’abstention a battu des records (48% et 52%) et de multiples et graves manipulations des scrutins ont été dénoncées mais en vain. Un Etat résiduel et un forcing impérialiste ont donc organisé là une présidentielle de convenance pour installer un chef d’Etat censé accentuer une « normalisation » libérale.
Il apparaît à travers ces péripéties électorales que malgré des propositions alternatives cohérentes de réorganisation citoyenne (articulant ressorts traditionnels et modernité, vision globale et dynamiques populaires locales), LES PAUVRES ONT VOTÉ « MASSIVEMENT » POUR DES RICHES QUI ONT CONTRIBUÉ À LEUR PAUPÉRISATION. Il apparaît enfin que les vieux partis progressistes héritiers des luttes anticoloniales et pour l’indépendance qui n’ont désormais presque plus d’élus sont devenues quantités négligeables.
En fait, au bout de 40 ans d’ajustements structurels, l’« indigénisation de la population appauvrie » s’amplifie dans un monde malgache aujourd’hui menacé de RECOLONISATION LIBÉRALE. Construire aujourd’hui, avec la population, une alternative de progrès ne peut pas faire l’économie de s’attaquer à cette indigénisation.