L’aviation française est intervenue au Mali sur les bases des groupes armés qui ont attaqué et occupent le nord de la République du Mali, soutenue par la Grande Bretagne. Sur quel mandat ? Avec quel objectif, en l’absence de coordination avec les pays de la région ? C’est un choix à courte vue qui ne réglera pas le problème mais permet à la France de maintenir son influence géopolitique dans la région, et de défendre des intérêts privés face aux différents appétits économiques internationaux. C’est un positionnement politique différent que notre pays doit adopter en la circonstance auprès des protagonistes qui agissent dans l’ombre.
L’observation des différents acteurs politiques et militaires démontre que les clés de la situation qui prévaut au Sahel sont entre les mains de Doha, Djeddah, Paris et Washington. Les deux premières capitales pour la fourniture en armes, hommes et financement fournis aux djihadistes qui occupent la moitié du pays, tuent et pillent, et veulent imposer leur dictature. Les deux autres capitales pour l’hypocrisie de leurs discours fustigeant les djihadistes tout en entretenant des rapports économiques et militaires avec les Etats qui arment l’agression du Mali. Ainsi, durant l’été 2012 la France et l’Arabie Saoudite ont organisé des manuvres conjointes à partir de sa base stratégique de Solenzara en Corse, intitulées « Intervention commune en pays ennemi ».
Le Qatar et l’Arabie Saoudite jouent un jeu dangereux pour la Paix en Afrique et dans le monde, notre pays doit impérativement dénoncer cette pratique qui s’est étendue au conflit syrien.
Pour ce qui est de notre organisation anti-impérialiste de solidarité avec les peuples africains, nous tenons à rappeler les responsabilités qui en sont à l’origine de la situation actuelle au Mali et dans la région comme nous l’avons fait dans nos communiqués des 10 avril et 13 octobre 2012. Ce rappel est essentiel pour préserver l’Afrique du renouvellement d’un tel engrenage qui était prévisible.
Les responsabilités ont des origines internes et externes au Mali.
Internes de par un régime corrompu qui s’est plié aux injonctions du libéralisme économique et s’est montré inopérant à assumer les responsabilités de l’Etat en matière sociale, éducative et de sécurité.
Extérieures de par l’étranglement financier des Plans d’Ajustement Structurels imposés par le FMI et la Banque mondiale, puis de par l’intervention militaire franco-britannique en Libye dont les conséquences furent la dissémination d’armes dans la région et le reflux au Mali de milliers de mercenaires sous l’il bienveillant des drones qui pistaient Kadhafi et ses fidèles pour les éliminer.
L’AFASPA estime que l’intervention militaire ne réglera pas la situation et présente de grands risques pour les autres pays de la région et pour les otages et installe des troupes étrangères pour un temps indéterminé. Elle craint qu’une négociation avec compromis de la Charia accordé aux provinces du Nord soit un préalable à son extension sur tout le Mali, remettant en cause la constitution laïque que les Maliens se sont donnés depuis l’indépendance.
C’est aux Maliens qu’il revient de dessiner l’avenir de leur pays.
Bagnolet le 13 janvier 2013