Le 18 février 2107 l’Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique a adressé une lettre aux 7 candidat(e)s à la présidence de la République,déclarés à l’époque. Elle était accompagnée de questions concernant les rapports que notre pays devrait entretenir avec l’Afrique pour en finir avec les dominations économique, politique et culturelle mises en oeuvre depuis les décolonisations.
Nous avons le regret de vous informer que nous n’avons reçu aucune réponse à ces questions essentielles qui touchent le quotidien des activités de la diplomatie de notre pays, celui de nombreuses multinationales françaises et les peuples chez qui l’écart n’a jamais été aussi grands entre les élites qui profitent de la situation et la plus grande partie des populations.
L’appauvrissement de masse conduit à des migrations internes et externes au continent qui fragilisent les sociétés africaines et conduisent aux drames pour des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui perdent la vie en mer.
La non-réponse est-elle une réponse? une réponse à ne pas s’engager à changer la politique néocoloniale de la France? à ne pas mettre en oeuvre les grands principes énoncés dans les discours électoraux?
Le temps de la campagne passé, nous ne manquerons pas de relancer le locataire de l’Elysée et les candidats de gauche pour aborder une nouvelle fois ces questions fondamentales pour que notre pays respecte l’Afrique et les Africains et cesse de mener au nom du peuple de France, une politique de prédation, seule façon de reconnaître le crime colonial.
Nous rappelons ici les questions abordées dans notre correspondance :
QUESTIONS AUX CANDIDATS A L’ELECTION PRÉSIDENTIELLE 2017
1° Mettrez-vous fin à l’application du « pacte colonial », c’est-à-dire l’ingérence politique, économique et militaire française en Afrique qui conduit et renforce la faillite des Etats africains dans leurs responsabilités et celle des peuples dans leur souveraineté ? Que comptez vous faire du Franc CFA dont la gestion, l’émission , la convertibilité-parité avec l’Euro est assurée par la Banque de France et la Caisse des dépôts et consignations et donc relève toujours du droit régalien de la France depuis 1945-46 ?
2° Compte-vous rendre transparente les relations entre la France et l’Afrique et redonner au Parlement français le rôle qui lui revient en la matière ?
3° Dans le cadre d’une coopération d’intérêts réciproques, mettrez-vous fin aux partenariats économiques dédiés à la recherche d’influence dans les anciennes colonies françaises ainsi qu’à l’intervention économique prédatrice d’entreprises privées françaises ou d’élites africaines locales, notamment dans l’accaparement des terres ? Comptez-vous associer aux discussions bilatérales les éléments des sociétés civiles africaines et françaises et sous quelles formes ?
4° Comptez-vous mettre fin aux traités de libre-échange signés ou en cours de négociation dénommés « accords de partenariats économiques » qui imposent aux pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) une ouverture quasi-totale de leurs marchés aux produits en provenance des pays de l’Union européenne, aux conséquences désastreuses pour les économies de ces pays ?
5° Les productions africaines, y compris agro-alimentaires, sont directement concurrencées par des productions occidentales subventionnées. Quelles dispositions comptez-vous prendre pour sauver ces pans de l’économie africaine, déjà en grande difficulté, qui sont dans cette configuration menacés d’effondrement ?
6°Comptez-vous instaurer des mécanismes de traçabilité des matières premières pour mettre fin au pillage illégal : or, terres rares, bois des forêts équatoriales, coltan, pétrole, patrimoine culturel… ?
7° Comptez-vous développer une Francophonie du partage et de l’échange culturel et social ou continuer à l’utiliser comme instrument de démantèlement des pluralités linguistiques et à lui faire défendre les intérêts géostratégiques de la France en Afrique ?
8° Comment comptez-vous soutenir la formation de cadres scientifiques et techniques en Afrique permettant aux pays africains de disposer des compétences nécessaires à leur développement ?
9° Quelle est votre positions concernant la dette des pays d’Afrique et ses mécanisme qui restent assujettissants pour les économies nationales, comme le processus de ré-endettement forcé d’Etats en difficulté ?
10° Comptez-vous démanteler les bases militaires françaises en Afrique ? Dans cette perspective, quelles mesures comptez-vous prendre pour répondre à des politiques de défense autonomes en Afrique ? Comptez-vous répondre aux pays du Sahel pour assurer leur propre sécurité intérieure et extérieure ?
11°A propos des peuples revendiquant leur indépendance. La France administre deux territoires non autonomes inscrits sur la liste de l’ONU.
En Nouvelle Calédonie la population autochtone et les autres résidents de longue date de nationalité française, doivent s’exprimer dans un ou plusieurs référendums d’autodétermination dont le premier aura lien en 2018 selon les accords de Nouméa (1998). Quelles dispositions comptez-vous prendre pour que cette consultation ait lieu dans le délai prévu et qu’elle soit libre et sans contrainte ?
En Polynésie française où la population a revendiqué le désir de s’exprimer sur son devenir conformément à la Charte des Nations Unies, quand comptez-vous organiser un référendum d’autodétermination ?
Sahara occidental – Comptez-vous uvrer positivement pour l’organisation du référendum d’autodétermination prévu par le plan de paix de l’ONU depuis 1991, permettant aux Sahraouis d’exercer leur droit imprescriptible de peuple colonisé, comme le stipule la Charte des Nations Unies ; vous engagez-vous à ce que la France cesse de s’opposer à doter la MINURSO d’une mission de surveillance des droits de l’homme comme le sont toutes les missions de la Paix dans le monde ?
Dans le cadre des importations de produits agricoles et de pêche, ferez-vous respecter la décision de la Cour de Justice Européenne qui exclue de l’accord Maroc/UE, les produits issus du territoire non autonome du Sahara occidental ?
12° Comptez-vous vous conformer aux résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU en respectant le résultat du référendum aux Comores dont la population a opté à 95% pour l’indépendance, et rétrocéder à son archipel, l’île de Mayotte illégalement annexée en 1975 ?
13° Comptez-vous appliquer la résolution 3491 du 12 décembre 1979 de l’Assemblée générale des Nations Unies invitant la France à entamer des négociations avec l’Etat malgache en vue de la réintégration des quatre « îles éparses », Europa, Juan de Nova, Glorieuses et Bassas da India, qui sont dans les eaux territoriales de Madagascar mais lui ont été séparées à la décolonisation ?
14° Comptez-vous promouvoir le travail des historiens sur le rôle de la colonisation en Afrique et la reconnaissance officielle de notre pays à propos du traumatisme qu’elle a engendré pour les peuples et les pays colonisés ? 15° Comptez-vous reconnaître les crimes d’Etat liés à la conquête coloniale, à la colonisation et aux luttes de décolonisation en Afrique et plus particulièrement : à Thiaroye au Sénégal en décembre 1944, Sétif et Guelma en Algérie en mai 1945, Madagascar de 1947 à 1952 et à Paris le 17 octobre 1961 ?
16° Compte-vous contribuer à la recherche de la vérité sur les responsabilités de la France dans le soutien que son corps expéditionnaire a apporté dans l’organisation des forces armées rwandaises au printemps 1994 ? Comptez-vous soutenir la recherche des responsables du génocide qui ont trouvé refuge en France afin qu’ils soient traduits devant la justice ?
17° Compte-vous élucider les crimes d’Etat perpétués, parfois sur commande de dictateurs africains, sur le sol de la France : du Marocain Mehdi Ben Barka, de l’Algérien Mohamed Boudia, du Tchadien Outel Bono, de l’Egyptien Henri Curiel et de la Sud-africaine Dulcie September ?
18° Ferez-vous lever le secret-Défense sur les documents concernant les assassinats de Maurice Audin en 1957 en Algérie et du juge Bernard Borel en 1995 à Djibouti ?