QUAND LES « COLONS » DICTENT LEURS LOIS !

Après l’Etablissement Gallois, c’est au tour de la société De Heaulme d’interdire la population dans quelques communes du district d’Amboasary-sud de circuler librement. Des milliers de personnes et de bétail n’ont plus accès au fleuve de Mandrare. La population locale interpelle les autorités devant la dégradation de sa situation.

Depuis des semaines, la population de quelques localités du district d’Amboasary-sud est privée d’eau potable. En effet, suite à la décision des hauts responsables de la société de plantation de sisal appartenant à la famille De Heaulme de fermer toutes les voies d’accès au fleuve Mandrare, des milliers de personnes vivant le long des plantations de sisal ainsi que leur bétail (bœuf, chèvres et moutons) sont désormais complètement isolées.


A signaler qu’après la Deuxième guerre mondiale, des colons ont occupé toutes les terres fertiles le long du fleuve Mandrare, obligeant les autochtones à se réfugier dans les zones arides, impropres à la culture. Actuellement, toute la vallée de Mandrare est couverte de plantations de sisal. Or, ce fleuve est la seule et unique source d’eau pour la population environnante. Une source locale nous a informé que les habitants d’Anjamahavelo, Anjatoka, Berenly… font plusieurs dizaines de kilomètres pour pouvoir accéder à Mandrare. La même source a affirmé que, non seulement la population mais aussi le bétail sont sérieusement menacés, faute d’eau. Il est à rappeler que les propriétaires de ces plantations et d’un grand complexe hôtelier à l’intérieur du champ de sisal a également interdit l’accès de l’enceinte du site, y compris aux autorités et aux forces de l’ordre, sans autorisation préalable. Des barrages sont érigés pour empêcher tout accès à l’endroit ;

Plaintes et doléances…

Devant cette situation la population a déposé des plaintes et des doléances auprès des autorités locales (Chefs de district) ainsi qu’aux Forces de l’ordre. La situation se dégrade au fil des jours et elle accuse les hauts responsables de la société De Heaulme comme responsable.

Pour l’instant, aucune mesure draconienne n’a été prise pour sauver les milliers de vies humaines. Raison pour laquelle les victimes lancent un appel de détresse au Gouvernement central afin d’éviter le pire.

D’autres sources chuchotent qu’une partie de la population envisage de fomenter des troubles et de chasser ces « Vasaha » pas comme les autres. L’ambiance semble électrique dans ce district au moment où les « dahalo » sèment la terreur.

A titre de rappel, notons qu’un autre ressortissant étranger, Dominique Leboeuf, Directeur des exploitations au sein de l’Etablissement Gallois, a également imposé ses lois en interdisant tout accès des véhicules dans la commune de Tanandava (voir notre édition du 21 mars 2011). Il a également tabassé un aide-chauffeur tout en menaçant par son arme à feu le conducteur d’un camion de transport des vivre pour la population, victime du kere. Grièvement blessé à la tête, le jeune homme a été transporté à l’hôpital d’Amboasary-sud et a eu un certificat médical attestant d’une incapacité de travail de 21 jours.

Bien que les victimes aient déposé plainte, l’affaire a été classée sans suite pour des raisons inavouées. Après un demi-siècle d’indépendance, certains « Vazaha » se comportant encore comme des colons, dictent encore et toujours… leurs lois.

Propos recueillis par I. Maharavo
in La Vérité, lundi 27 septembre 2011

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Notes AFASPA) :

Dahalo : brigands en bandes organisées qui terrorisent les populations et entretiennent l’insécurité des biens et des personnes.

Kere : Disette (souvent inhérente à la sécheresse) et famine.

Vazaha : Etranger.