Onze militants sahraouis des droits de l’Homme du territoire occupé par le Maroc ont assisté à une réunion d’observateurs internationaux aux procès des indépendantistes qui se tenait dans les campements de la République Arabe Sahraouie Démocratique. Parmi eux Brahim Sabbar Président de l’ASVDH et Enaama Asfari co-président du CORELSO. Afin de témoigner de ce qui se passerait à leur retour, 3 espagnols et 2 françaises les ont accompagnés jusqu’au Sahara occidental et dans leur visite des villes de Laayoune, Dakhla et Smara. Leur présence et la concomitance avec le sommet Union européenne/Maroc à Grenade ont pu faire éviter leur arrestation à leur arrivée à Casablanca, mais la fureur policière n’a pas tardé à répliquer à cette nouvelle étape dans les retrouvailles de ce peuple séparé depuis 34 ans, et la marche inexorable vers le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.
A leur retour, les militants ont tenu à rendre compte de leurs rencontres à la population sahraouie. Celle-ci leur a fait l’accueil qui se doit et fêté cette nouvelle victoire du peuple sahraoui, imposée au colonisateur et à ses complices qui repoussent depuis 1992 la tenue du référendum promis par l’ONU. Les observateurs européens nous ont adressé leur rapport de mission que nous reproduisons ici. La photo insoutenable qui accompagne cet article est celle de Mariam Amglyzlat affreusement tabassée au visage.
«Nous avons accompagné les 11 militants depuis Alger. Notre mission consiste à observer les conditions de leur retour. L’entrée à Casablanca le 7 s’est écoulée sans incidents. À Casablanca nous avons reçu la visite de sahraouis qui se félicitaient que les activistes aient pu rentrer des camps de réfugiés. Le soir même, la délégation a été reçue à l’Ayounne par des sahraouis enthousiasmés. Nous avons tous ressenti des moments de bonheur et de fierté. Nous avons participé aux différentes visites faites aux victimes d’atteintes contre les Droits de l’Homme. À tout moment nous sommes sous la surveillance de la police marocaine. Les sahraouis nous font remarquer que nous sommes suivis non seulement par la police en uniforme, mais aussi par la police en civil postée visiblement près des maisons que nous visitons.
Jusqu’à Mardi la police n’est pas intervenue de façon directe. Alors que les observateurs nous nous trouvions réunís avec un groupe de sahraouis intéressés par notre visite, nous avons été prévenus que des citoyens sahraouis, parmi lesquels quelques membres du groupe des 11, ont été dispersés violemment par la police au cours d’une manifestation dans le quartier de Matalla, et qu’il y a des blessés. Nous allons immédiatement à Matalla pour essayer de connaître les détails car notre information est confuse. Notre recherche nous conduit auprès des blessés. C’est là que nous commençons à constater les effets de l’extrême brutalité de la police marocaine.
Parmi les militants blessés du groupe des 11 se trouvent:
Brahim Sabar. Blessures à la tête et contusions sur tout le corps.
Izana Ameidan: blessures au pied, à la cuisse et au bras. Elle souffre de son côté droit frappé par des bâtons qui ne laissent pas de trace.
Naama Asfari: boite à cause de la douleur à la hanche et au genou. Il a le bras en écharpe et des marques de matraque sur son dos. On lui a cassé les lunettes, la montre et le portable.
Ahmed Moussa: tabassé sur tout le corps.
Ahmed Sbai: contusions au poignet.
Autres blessés:
Mariam Amglyzlat: Jeune fille de 25 ans. Visage tuméfié. Rouée de coups sur tout le corps.
Hayat Raguibi: Jeune fille de 19 ans. Probable fracture à la jambe et des contusions au bras.
Dagna Dayda: elle a une blessure ouverte à la jambe et à la bouche; perte de quelques dents.
Nous constatons que l’hôpital renvoie chez elles les victimes de la charge policière sans leur procurer les soins nécessaires.
Les militants nous informent qu’il y a eu six autres victimes:Dahba Alaiychi, No-Naytou Taglabout, Haddi Mina
Minatou Amaidane, Zeinal El Kenti, Mohamed Fadel El Houssaini.
Brahim Sabbar nous fait part qu’il a du se cacher de la police dans une maison proche du lieu de la charge policière. Il a appris plus tard que la police s’y est présentée et a saccagé la maison et attaqué les personnes qui s’y trouvaient. C’est là que la petite Hayat Raguibi a subi ses blessures.
Ce soir même, devant nous, Brahim Sabbar reçoit un appel anonyme le menaçant d’être égorgé s’il continue le voyage prévu.
Avec toutes les preuves recueillies nous alertons la presse, les associations de Droits Humains et la société civile de France, Espagne, Algérie et Italie. Et nous allons continuer de les diffuser.
Au bout de deux jours à l’Ayounne, nous poursuivons notre voyage vers Boujdour. Dans un parcours de 200 km, nous avons subi six contrôles policiers dont deux avec fouilles de la voiture et des bagages.
Nous allons rentrer dans nos pays respectifs, l’Espagne et la France. Nous allons témoigner des conditions de vie insupportables imposées au peuple sahraoui par le Maroc. Le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, reconnu par toutes les résolutions de l’ONU doit être appliqué. Pour cela nous allons oeuvrer afin de multiplier et de renforcer les missions d’observation sur les droits de l’homme au Sahara Occidental occupé par le Maroc depuis 35 ans. Le peuple sahraoui a le droit de vivre indépendant et uni sur sa terre.
Boujadour, le 11 Mars 2010.Signé:Les observateurs civils de France et d’Espagne.
Raymonde Motte, Joelle Toutain, Cristina Martínez Benítez de Lugo, Mª Angels Moseguí Figueras, Javier Sopeña Arias»