Communiqué de l’AFASPA :
L’impérialisme ne lâche pas l’Affaire en Afrique
À chacun son rôle :
L’OTAN mène la guerre au nom de « la protection des populations civiles libyennes » et prépare l’opinion publique à ce que les bombardements se poursuivent jusqu’en septembre ! Cet organe, constitué de 28 pays liés entre eux par un traité militaire, n’a aucune légitimité. Pourtant il instrumentalise l’ONU grâce aux membres permanents du Conseil de Sécurité qui l’ont doté d’une résolution interprétée selon les besoins. Il s’est permis ainsi de saboter les démarches de l’Union Africaine qui tente de trouver une solution politique au conflit armé en Libye.
Le G8 étend ses « ailes protectrices » sur la Tunisie et l’Egypte, prétendant « soutenir les révolutions » en leur attribuant des enveloppes financières, à des conditions qui ne sont pas énoncées.
La Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton ne s’embarrasse pas de formules quand elle « conseille » aux Chefs d’Etats africains de « suspendre les activités des ambassades libyennes » (fidèles au régime de Tripoli) et d’«expulser les diplomates pro-Kadhafi » en poste dans leurs pays. On se plait à croire que l’éruption volcanique qui a précipité son départ d’Addis-Abeba.
Nicolas Sarkozy inaugure la reconnaissance du Conseil National de Transition comme représentante du peuple libyen alors qu’on ne connaît que le tiers de ses membres, suivi par nombre de prétendants aux Affaires.
Abdoulaye Wade, préoccupé par sa réélection à tout prix au Sénégal, joue au bon élève de l’Occident en faussant compagnie à l’Union Africaine et court à Bengazi où il reconnaît à son tour les opposants de son ex-ami Khadafi.
C’est au nom de la France que Nicolas Sarkozy s’est engagé avec précipitation dans cette nouvelle aventure militaire sans qu’aucun débat ni aucun vote n’ait eu lieu au Parlement. Les troupes françaises interviennent dans un 4ème conflit armé, pressenti comme un nouveau bourbier dangereux pour la paix dans la région voire au-delà. Un conflit armé qui cache les véritables objectifs des différents protagonistes : Les puissances qui s’empressent les unes après les autres de reconnaître ou tisser des liens avec le CNT pour récupérer la manne pétrolière libyenne et une emprise sur un éventuel nouvel exécutif en Lybie. Les diverses composantes des insurgés qui n’affichent pas les mêmes ambitions dans leur engagement, voire des options contradictoires, mais dont le dénominateur commun clairement annoncé est le départ de Mouammar Kadhafi.
Trois mois de bombardements intensifs, appuyés par des hommes au sol qui ne sont pas prévus dans la résolution onusienne, n’ont pas permis de donner de légitimité au CNT. De hauts responsables militaires doutent d’une victoire des insurgés, de même que la mission d’experts qui a rendu un rapport explosif le 30 mai 2011. Cette mission, organisée à l’initiative du Centre international de recherche et d’études sur le terrorisme et d’aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT) et du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), avec le soutien du Forum pour la paix en Méditerranée, s’est rendue à Tripoli et en Tripolitaire du 31 mars au 6 avril, puis à Benghazi et en Cyrénaïque du 19 au 25 avril.
Ses conclusions sont claires quant à la « révolution » libyenne qui « n’est ni démocratique, ni spontanée ». (…) « C’est une insurrection dont les leaders se cachent. La situation n’a donc rien de comparable avec les révoltes populaires tunisiennes et égyptiennes ». (…) « Le CNT est une coalition d’éléments disparates aux intérêts divergents, dont l’unique point commun est leur opposition déterminée au régime. Les véritables démocrates n’y sont qu’une minorité, quasiment otages des tenants d’un retour de la monarchie ou de l’instauration d’un islam radical et des nouveaux convertis de l’ancien régime. » (…) « Les puissances occidentales ont fait preuve d’un aventurisme coupable en s’engageant dans cette crise, à moins qu’il ne s’agisse d’un machiavélisme parfaitement cynique. » (…) « L’intervention occidentale est en train de créer plus de problèmes qu’elle n’en résout. »
D’irresponsables « Maîtres du monde » mettent en péril la paix au Nord de l’Afrique. Il revient aux peuples du monde d’arrêter leurs jeux d’apprentis sorciers.
AFASPA
Bagnolet le 20 Juin 2011