Pour la onzième année consécutive, Western Sahara Resource Watch publie un aperçu annuel détaillé des entreprises impliquées dans l’achat de phosphates de la zone en conflit du Sahara Occidental occupé.
Toute vie sur la planète, et donc toute la production agricole, dépend du phosphore, symbole chimique P. Cet élément se trouve dans le minerai de phosphate et est transformé en engrais. Pour le peuple du Sahara Occidental, leur P ne se transforme pas en bénéfice. C’est plutôt le contraire.
Le minerai de phosphate illégalement exploité par le gouvernement marocain au Sahara Occidental est l’une des sources de revenus tirés par le Maroc des territoires qu’il occupe contre le droit international. Le peuple sahraoui s’est toujours ouvertement déclaré contre ce commerce, et l’a exprimé devant l’ONU et aux entreprises concernées.
WSRW surveille quotidiennement le commerce depuis le territoire occupé, et ce depuis une décennie. Pour la onzième année consécutive, Western Sahara Resource Watch (WSRW) publie aujourd’hui un aperçu annuel détaillé des entreprises impliquées dans l’achat de phosphates du Sahara Occidental occupé.
Téléchargez ici le rapport P pour Pillage 2024.
La liste présentée dans ce rapport est complète pour l’année civile 2023, et indique toutes les cargaisons de phosphate chargées au Sahara Occidental occupé. Au total 29 navires ont quitté le territoire avec 1,6 million de tonnes de minerai de phosphate, en légère augmentation par rapport au 1,23 million de tonnes de 2022.
Depuis 2021, le Maroc a réalisé d’importants investissements dans le port et dans les installations de Bou Craa. Depuis le début de l’occupation en 1975, le Maroc n’a vendu que du phosphate brut. Dans quelques années, les phosphates seront aussi exportés sous une forme transformée, plus précieuse. Cela rendra ce commerce encore plus lucratif. Les revenus tirés par le Maroc de la mine de Bou Craa ont considérablement augmenté depuis 2021, notamment à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il est difficile de connaître la valeur exacte du commerce, mais WSRW estime qu’il pourrait se situer autour de 400 millions pour l’année 2023.
Les exportations massives vers le Mexique qui ont commencé en juillet 2021, se sont poursuivies en 2022 et 2023. L’importateur au Mexique avait, en 2018, annoncé qu’il avait arrêté ces importations en raison de son « engagement envers la responsabilité sociale globale », et ne répond pas aux questions. Les importations vers l’Inde et le Mexique constituent plus de 86% du commerce du minerai de la zone en conflit du Sahara Occidental.
En Nouvelle-Zélande, une très faible quantité a été importée vers Ravensdown. Ballance Agri-Nutrients montre la tendance inverse, avec un toujours haut niveau d’importation.
Au Japon, une seule petite cargaison a été expédiée en 2023. et c’est tout.
WSRW n’a jamais enregistré aussi peu de clients au cours d’une année civile qu’en 2023.
WSRW appelle toutes les entreprises impliquées dans ce commerce à mettre fin immédiatement à tous les achats et transports de phosphate du Sahara Occidental, tant qu’une solution n’est pas trouvée au conflit. Les investisseurs sont invités à interpeller les compagnies, ou à désinvestir si rien n’est fait.
Vous trouverez ce rapport sur le site de WSRW : https://wsrw.org/fr/nouvelles/les-clients-du-phosphate-pille-par-le-maroc