Aujourd’hui l’Afrique, n°125 (de septembre 2012)
Spécial Cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie
A B O N N E Z – V O U S (4 numéros pour 25 euros)
Ce numéro sera, par ailleurs, disponible (pour 7 euros) à la Fête de l’Humanité 2012 sur le stand AFASPA, Village du monde, angle Avenue Che Guevara / Place Julius et Ethel Rosenberg
S O M M A I R E
Aujourdhui l’Afrique n°125 (de septembre 2012)
01. Vive l’indépendance algérienne !, Francis Arzalier
02. Rappel chronologique sur la colonisation et sur la guerre d’Algérie, Aujourd’hui l’Afrique
03. Les pères fondateurs du mouvement national algérien, Abdallah El Oued
07. Fanon dans la révolution algérienne. Pourquoi une relecture ?, Harana Paré
09. Algérien, quels que soient les risques. L’affaire Iveton, Félix Collozzi
12. Des soldats du refus à la guerre d’Algérie, A. Liechti, J. Clavel, R. Grégoire et J. Vendart
14. Témoignage d’appelé (1), Pierre Rambaud (4acg)
15. Témoignage d’appelé (2), Henry Chevallier (4acg)
16. Un jeune français du contingent parmi 2 millions d’autres, Gérard Lebon
18. Mineurs algériens en Cévennes, Bernard Deschamps
20. Souvenirs militants 1956-62. Paix en Algérie et/ou indépendance algérienne, Francis Arzalier
22 La mémoire retrouvée du Onze du FLN, Cheikh Djemaï
23. Les Algériennes dans la guerre, Meriem Derkaoui et Malika Zouba
25. Les Européens et l’Algérie nouvelle, Pierre Lenormand
27. Le rayonnement politique de l’Algérie nouvelle, William Sportisse
29. Culture et indépendance nationale. Permanences et ruptures dans l’Algérie nouvelle, Jean-Claude Rabeherifara
31. Témoignage d’un Algérien communiste sur la guerre de libération et les années d’indépendance, Georges Perlès
33. Communistes algériens et mouvement national. Une relation riche et complexe. Témoignage d’Henri Alleg sur « 1962 »
35. 50 ans après l’indépendance, où en est l’économie algérienne ?, Robert Lavaud
37. Luttes sociales de 1962 à nos jours, Zouheir Bessa (Alger républicain)
39. Renouveau du mouvement social, Bernard Schmid
41. Décennie intégriste et libéralisation, Rosa Moussaoui
43. Les Algériens inquiets du chaos sahélien, Rosa Moussaoui
45. Notes de lecture
47. Flashes d’actualités africaines, Robert Lavaud et alii.
49. Impérialisme français. Faut-il institutionnaliser les mercenaires ?, Jean Chatain
53. Maurice Audin par Ernest Pignon-Ernest. Un commentaire d’Henri Alleg
Billet
Vive l’indépendance algérienne !
Aujourd’hui l’Afrique
2012 a été l’occasion d’une avalanche de publication sur cette tragédie que la France officielle a si longtemps refusé de nommer par son nom, la guerre coloniale contre le mouvement national algérien : tant mieux, on ne dira jamais assez l’histoire de notre peuple, avec ses crimes, et ses grandeurs mêlées, et celle du peuple algérien qui nous est si proche depuis plus d’un siècle.
-Ce numéro spécial n’a pas la prétention de réécrire à son tour la guerre d’indépendance algérienne, tout au plus d’ajouter une pierre à l’édifice, dans le but de contribuer à notre échelle à l’écriture de ce passé qui nous fut commun, et à l’amitié aujourd’hui entre les peuples de France et d’Algérie.
-Nous avons voulu faire, grâce aux témoignages des acteurs surtout, dans l’optique anticoloniale qui est celle d’Aujourd’hui l’Afrique depuis sa création.
-D’abord en précisant que nous ne commémorons pas simplement l’indépendance arrachée en 1962 par l’Algérie à la France coloniale, mais que nous fêtons le cinquantenaire d’une victoire imposée au colonialisme. Victoire du peuple algérien d’abord qui accédait à l’existence nationale. Victoire aussi du peuple français qui en finissait avec huit ans de guerre féroce et immorale et avec 13 ans d’exactions injustifiées. Car, selon le mot de Saint-Just, un peuple qui en opprime un autre ne saurait être un peuple libre.
-Nous avons voulu rendre hommage à tous ceux, Algériens et Français, qui ont contribué à cette heureuse issue de 1962 : aux combattants algériens d’abord, partisans de l’indépendance « Musulmans » et « Européens », selon la terminologie de l’époque ; aux citoyens français indignés par la répression coloniale, la torture, chrétiens ou athées, d’opinions politiques diverses, qui ont compris avant les autres que le mouvement national algérien était justifié, et qui n’ont pas hésité à le soutenir en refusant de le combattre, en désertant, en témoignant : ils l’ont payé très cher, de prison ou d’exil, alors que les ultras de l’Algérie française étaient amnistiés de tous leurs crimes, ou même décorés. Nous voulons rendre hommage aussi à ces centaines de milliers de femmes et d’hommes qui, en France, ont bravé les matraques de la police, les insultes des racistes, pour crier dans les rues leur volonté de « Paix en Algérie, Négociations », à l’appel d’organisations politiques (PCF, PSU) et syndicales (CGT, UNEF), quand les majorités socialistes, gaullistes et démocrates-chrétiennes organisaient la guerre coloniale.
-Un dernier point enfin nous a guidé : il est temps, 50 ans après, d’écrire une histoire des « années algériennes » sans tabou, de mettre fin à cette version sucrée, falsifiée par les bienséances politiciennes, en France et en Algérie. Heureusement, on s’y emploie de part et d’autre, à Alger comme à Paris. Car on sait bien que nos pays, aujourd’hui, ont besoin pour progresser de dire clairement les crimes commis au nom de la France et pas toujours reconnus 50 ans après, de reconnaître aussi les complexités de l’insurrection algérienne : les prémices du futur intégrisme arabo-musulman, les dérives militaristes et anticommunistes qu’a connus le mouvement national dès 1954 ont pesé lourd par la suite jusqu’à aujourd’hui. Des Algériens font en 2012 ce travail nécessaire de mise à jour, faisons le nôtre : c’est le seul moyen de cette amitié franco-algérienne si nécessaire.