Les mouvements des jeunes en Afrique ne sont pas du goût des dirigeants qui n’admettent pas les actions pacifiques citoyennes qui ne cherchent à accéder au pouvoir, mais les rappellent à l’ordre sur les failles de leur politique. Il en est ainsi de La LUCHA en République Démocratique du Congo mouvement qui lutte pour les droits des populations et dénonce les tueries dans l’Est du pays. Pour la seconde fois en six mois un jeune est mort sous les balles d’un policier.
MEURTRE DU MILITANT Freddy KAMBALE LUHINDO
Communiqué numéro LUCHA/2020007
Notre camarade Freddy KAMBALE LUHINDO a été tué d’une balle dans la tête par la police ce jeudi matin 21 mai 2020 au stade de Kalinda, en ville de Beni alors qu’il participait à une manifestation pacifique pour dénoncer la résurgence de massacres de civils et les assassinats répétitifs dans la ville et le territoire de Beni ces dernières semaines.
Au cours de la même répression, un autre camarade a été blessé tandis que 20 ont été arbitrairement arrêtés par la police avant d’être relâchés en fin de journée.
Contrairement aux allégations des responsables de la police nationale congolaise au Nord-Kivu, cette manifestation était totalement pacifique. Nous n’avons posé aucun acte pouvant justifier qu’un policier dégaine son arme et tire sur nous à bout portant, avec l’intention manifeste de tuer. Bien plus, la police n’est pas censée utiliser des armes à feu pour encadrer ou disperser une manifestation pacifique.
Freddy KAMBALE LUHINDO était âgé de 20 ans. Il était troisième d’une famille de cinq enfants, et était élève en cinquième année secondaire, section électricité, à l’Institut Technique Industriel de Kasabinyole à Beni.
Freddy avait rejoint la LUCHA en décembre 2019, poussé par la révolte qu’avait suscité en lui le meurtre, toujours par la police et dans les mêmes circonstances, de notre camarade Obadi Muhindo Kanzogha (tué le 23 novembre 2019 lors d’une manifestation pacifique pour demander la paix à Beni).
Freddy était un jeune homme intelligent, plein d’énergie, mais par-dessus tout il aimait profondément son pays et ne supportait pas de voir le sang de ses frères et surs couler à Beni et ailleurs dans l’indifférence. Freddy devient ainsi le deuxième militant de la LUCHA tué par la police en l’espace de six mois. La police a annoncé avoir arrêté son meurtrier, mais comme pour Obadi Muhindo dont le meurtrier n’a toujours pas été jugé, nous craignons que cela ne reste qu’un effet d’annonce.
1. Nous dénonçons ce énième meurtre d’un manifestant pacifique à mettre au compte d’une structure sécuritaire défaillante et de l’impunité dont les auteurs et leurs supérieurs hiérarchiques ont trop souvent bénéficié.
2. Nous exigeons le jugement en procédure de flagrance et en public de l’auteur du meurtre de notre camarade, ainsi qu’une enquête judiciaire rapide et crédible sur d’éventuels ordres ou défaillances au niveau de la chaîne du commandement de la police et des autorités administratives car ce n’est pas un hasard si les policiers sont venus gérer une manifestation pacifique avec des armes à feu chargées de munitions, et cela est récurrent.
3. De même, nous demandons à ce que le meurtre d’Obadi Muhindo Kanzogha et d’autres manifetants à Beni, Oicha et Butembo en novembre 2019 soit également élucidés et ses auteurs matériels et moraux jugés sans plus de délai.
4. Nous exigeons la suspension immédiate du commandant de la PNC et du Maire de la ville de Beni pour avoir failli depuis longtemps à leur mission de protection des manifestants pacifiques et de la population en général.
5. Enfin, nous demandons au gouvernement congolais et à la MONUSCO de tout mettre en uvre pour protéger de manière effective la population civile contre les massacres et d’autres exactions dans la région de Beni, mais aussi en Ituri et partout ailleurs. A cet égard, il est urgent d’évaluer froidement l’efficacité des opérations militaires lancées dans la région de Beni en octobre 2019 afin de comprendre pourquoi les massacres continuent et de corriger ce qui doit l’être. Car, malgré les sacrifices indéniables de nos militaires, les massacres persistent.
Fait à Beni, le 21 mai 2020,
Pour la LUCHA La cellule de communication
LUCHA – Lutte pour le Changement
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