Editorial
Total derrière des projets démentiels en Afrique de l’Est
Au Mozambique – L’entreprise française Total est l’opérateur d’un projet dont elle détient 26,5 %, sa participation a été acquise en 2019 auprès de l’américain Anadarko. Il s’agit du plus grand financement de projet jamais réalisé en Afrique. Il y a 20 ans une vaste réserve de gaz fut découverte au large de la côte nord du Mozambique, estimée à 5 milliards de m3. A terre seraient construit une usine de gaz naturel liquéfié et deux trains de liquéfaction d’une capacité totale de 13,1 millions de tonnes par an. L’investissement de 20 milliards de dollars serait financé à hauteur de 14,9 milliards par des prêts directs et des prêts garantis de 8 agences de crédit à l’exportation, par 19 banques commerciales (dont le Crédit Agricole et la Société Générale) et par la Banque africaine de développement.
Les associations sont vent-debout pour dénoncer ses conséquences en matière d’atteintes aux droits humains dans une région déjà déstabilisée depuis 2017 par des bandes armées djihadistes qui ont fait 1100 morts selon les défenseurs des droits de l’homme. Mais la politique de la France n’a cure de cela et met tout en uvre « pour que ses multinationales bénéficient de cet eldorado gazier à 60 milliards de dollars au Mozambique, quitte à contribuer à enfoncer le pays dans la dépendance aux énergies fossiles, à amorcer une bombe climatique représentant sept années de ses émissions de gaz à effet de serre », affirme les Amis de la Terre qui indiquent que 556 familles ont déjà dû quitter leurs villages certaines ont été installées sur des terres non cultivables et les pêcheurs n’ont plus accès à leurs zones de pêche.
En Ouganda – Total s’apprête avec des compagnies chinoise et italienne à forer 400 puits de pétrole dans une zone naturelle et la construction d’un pipeline de 1 445 kilomètres entre Hoima, en Ouganda, et Tanga, sur la côte tanzanienne ainsi qu’une zone industrielle et une raffinerie. Ce projet colossal nécessite « le déplacement de dizaines de milliers de familles, des agriculteurs, qui cultivent du manioc, des haricots, des bananes… et survivent grâce à la terre. Le pipeline pourrait traverser plus de 200 rivières et 12 forêts protégées qui abritent une faune superbe et abondante, et d’ores et déjà en péril. Il rapprocherait encore plus notre planète de la catastrophe climatique et la moindre fuite pourrait se révéler catastrophique» révèlent les opposants au projet. Quatre associations ougandaises, Les Amis de la Terre et Survie poursuivent en justice Total et ses complices.
Les populations locales luttent contre ce projet, face à l’une des entreprises les plus puissantes au monde. Total s’était engagé, à une compensation en cash ou en nature (terre contre terre), mais certains paysans n’ont pas eu le choix et ont atterri dans des zones ne leur permettant pas de combiner agriculture et élevage. Les partenaires du pipeline soutiennent que cela créera des emplois, mais les experts affirment qu’il ne s’agira peut-être que de 300 postes permanents. Le danger est aussi l’enfermement de la région dans la spirale de l’énergie sale, à l’heure où le monde se prépare pour un avenir énergétique propre.
Une pétition internationale a déjà recueilli plus de 980 000 signatures, le million qui était fixé devrait être dépassé afin de créer, comme l’indiquent les initiateurs « un cauchemar médiatique qu’il sera impossible d’ignorer pour Total ». Il ne s’agit pas seulement d’empêcher un investissement dangereux, ni même uniquement de protéger la faune africaine. Ils veulent empêcher de continuer à pomper du pétrole. Ce combat est au croisement des luttes de protection de la précieuse vie sur cette planète, défendre les plus vulnérables et faire passer l’avenir de nos enfants au-dessus des intérêts de quelques nantis.
Signez la pétition sur internet et partagez-la autour de vous : « Arrêtons cette folie Total(e) »
« En tant que citoyens du monde, nous vous demandons de toute urgence d’annuler la construction de l’oléoduc pour transporter du pétrole brut en Afrique de l’Est et d’arrêter de forer dans les parcs nationaux. Vos projets menacent de détruire des habitats précieux pour la biodiversité et la faune sauvage en Ouganda et en Tanzanie – déplaçant des dizaines de milliers de paysans. Ils portent gravement atteinte à votre engagement à respecter l’Accord de Paris et à devenir «neutre en carbone». Nous vous exhortons à aligner les agissements de votre entreprise sur les valeurs que vous proclamez publiquement. »