Edito
JUPITER PHILOSOPHE
L’interview exclusive donnée par E. Macron à Jeune Afrique le 20/11/2020 apporte enfin une réponse à la question lancinante : Quid de l’empreinte du DEA de philosophie sur sa pensée politique ?
Après avoir brièvement évoqué ses mérites sur le dossier des relations franco-africaines, il aborde ce qui est le thème principal de l’entretien, comment les chefs d’État africains peuvent améliorer leur gouvernance, et comment, lui-même, a apporté un véritable changement par rapport à ses prédécesseurs à l’Élysée.
Ceux qui l’ont précédé étaient adeptes de la philosophie politique de Pangloss : « tout est mieux dans le meilleur des mondes franco-africain ».
La pensée jupitérienne fait faire un bond de deux siècles en passant de Voltaire au prince de Lampedusa.
Ce dernier fait dire au prince de Salina en prise avec les bouleversements révolutionnaires en Sicile « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change »
Tout ? Macron reste modeste : seulement le renouvellement générationnel des dirigeants. Cette unique idée est assénée et développée tout au long de l’interview.
Son coup de maître réalisé en France qui lui a permis de se hisser à la tête de l’État, le grise et l’aveugle. Il ne peut mesurer le discrédit apporté à sa parole par l’image lamentable qu’il donne de la France : révoltes incessantes des derniers de cordée, usage de grenade pour rétablir l’ordre établi, interventions répétées de l’Armée et de la Flotte à toute occasion.
Du haut de l’Olympe, E Macron distribue avec onction et suffisance les bons et les mauvais points aux chefs d’État africains. Les mauvais points pour ceux du Mali, de la Guinée, du Cameroun, les bons points pour ceux de la Côte d’Ivoire, de l’Algérie, de l’Éthiopie, du Ghana, du Maroc.
Donner l’illusion de changement consiste à rajeunir le personnel politique en promouvant ceux qui ont été les collaborateurs des dirigeants en place, les rédacteurs des lois et décrets et les inspirateurs des politiques qui ont enrichis les plus riches.
Changer de look, adopter des nouvelles postures, renouveler les discours ne fait pas une nouvelle politique.
Pour changer les perspectives d’avenir, il faut changer l’axe de la politique, pas seulement les hommes.