L’Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique a interpelé Ismaël Omar Guelleh, Président de Djibouti pour qu’il cesse de réprimer les civils Afars, proches parents de ses opposants du FRUD, dont la résistance le met en échec sur le terrain. Un courrier a également été adressé par le président de l’AFASPA au chef d’Etat français afin qu’il engage le gouvernement de Djibouti à respecter les conventions internationales qu’il a signées concernant le respect des droits de l’homme. Les exactions commises dans ce très petit pays ne peuvent échapper à la forte présence militaire française. La surveillance antiterroriste ne doit pas fermer les yeux sur le terrorisme d’Etat.
Monsieur le Président,
Notre organisation a été informée du nouveau cycle d’arrestations arbitraires et de violations diverses des droits de l’homme perpétrées par les militaires et les forces de police Djiboutiennes sur des bases ethniques, tribales et familiales, à l’encontre des personnes dont le seul délit est d’avoir un lien plus ou moins lointain avec des membres du Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD).
Cette vague d’arrestations a débuté le 3 octobre à Lac Assal et s’est poursuivie Tadjourah, Balho, Guirori ; elle s’est étendue s’étendre au district d’Obock pour atteindre Djibouti. Le 14 octobre 2015, la Ligue Djiboutienne des Droits de l’Homme dénombrait dix neuf personnes détenues au centre SRD de la gendarmerie où la torture est toujours pratiquée. La répression n’épargne toujours pas les femmes. C’est ainsi qu’une quinzaine de femmes ont aussi été arrêtées. Parmi elles : Fatouma Chehem Ali, mère de 10 enfants, sur d’un dirigeant du FRUD, dont le premier mari a été assassiné par les militaires en 1994, Ouma Mohamed Deberkeleh, épouse d’un membre du FRUD, Ouma Haroun Aboubaker, sur d’un militant du FRUD, Hasna Mohamed Daoud, cousine d’un dirigeant du FRUD, Assia Houmed Aras, cousine d’un membre du FRUD. Cela nous rappelle les très nombreux viols commis par des militaires Djiboutiens dans le nord du pays, qui sont restés à ce jour impunis.
Quinze autres personnes ont été arrêtées depuis, et détenues dans les prisons militaires où elles subissent des tortures et des mauvais traitements. Sans oublier que le 23 août 2015 un jeune Afar, Ali Mohamed Haïssama a été exécuté par les forces de l’ordre à proximité du Lac Assal ( 57 km de la Capitale), sans donner lieu à une quelconque enquête.
Nous vous demandons le respect de la CEDAW, Convention sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, des Nations-Unies qui établit en son article 4.c que les États ont le devoir d’« agir avec la diligence voulue pour prévenir les actes de violence à l’égard des femmes, enquêter sur ces actes et les punir conformément à la législation nationale, qu’ils soient perpétrés par l’État ou par des personnes privées. ». Ainsi que le Protocole des Droits des Femmes en Afrique que votre pays a ratifié. Il ne suffit pas de ratifier des conventions internationales pour son image internationale, encore faut-il les mettre en application.
Nous avons d’autre part appris qu’une enquête judiciaire a été diligentée à l’égard de quatre dirigeants de l’opposition et membres du FRUD en exil à l’étranger Kamil Mohamed, Hassan Mokbel, Barkat Mohamed Ahmed et Mohamed Kadamy. Ces militants ont déjà été incarcérés et torturés par le régime djiboutien pour leur action en faveur de l’avènement de la démocratique dans le pays. Nous ne permettrons pas de voir créer à leur sujet un amalgame avec les actes terroristes que la fragilisation des Etats africains a engendrés.
Au nom de mon organisation j’ai l’honneur de vous demander l’arrêt des exactions la libération des prisonniers et prisonnières politiques, dont Mohamed Ahmed, dit Jabah incarcéré à la prison de Gabode depuis 2010, qui n’a jamais été présenté devant la justice et dont l’avocat n’a jamais été autorisé à le rencontrer.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes cordiales salutations.
Bagnolet le 22 Octobre 2015
Jean-Paul ESCOFFIER
Président