La police marocaine arrête une délégation européenne de syndicalistes ainsi que le représentant des travailleurs et retraités sahraouis de Phosboucrâa
El Ayoun, mardi 19 février – Une délégation européenne composée de représentants de la CGT France, CGI Italie et CCOO Espagne, s’est rendue au Sahara Occidental occupé par le Maroc pour rencontrer les travailleurs et retraités de la mine de phosphate de Boucrâa qui revendiquent leurs droits spoliés depuis mai 1977. C’est à cette date que l’Espagne a cédé la majorité de des parts de l’entreprise (65%) à l’Etat marocain.
Le nouveau colonisateur a immédiatement rompu les accords et contrats des 721 travailleurs sahraouis, alors les 300 espagnols conservaient la jouissance des protocoles contractuels signés en 1962. Les salaires des sahraouis ont été radicalement réduits (dévaluation du fait du paiement en dirhams, 26 jours payés au lieu de 31, gel des rémunérations, suppression de nombreuses primes, arrêt de l’embauche des enfants des mineurs). Malgré la répression féroce qu’exerçait à l’époque le dictateur Hassan II (arrestation de 7 ouvriers dès la prise en main de l’entreprise), les travailleurs de l’Office Chérifien des Phosphates refusent leurs salaires le premier mois, tout en continuant de travailler, à l’époque où les disparitions forcées se multiplient parmi les civils sahraouis, il n’est pas envisageable de faire grève.
Depuis 1999 le représentant des travailleurs et retraités de Phosboucraa multiplie les démarches auprès des autorités marocaines, espagnoles ainsi que les syndicats marocains sans que les légitimes revendications ne trouvent écho.
Ce mardi 19 février, une délégation européenne composée de Victoria MONTERO, président des relations internationales du syndicat espagnol CCOO et son collègue Juan ORTEGA, Jean Jacques GUIGON du secteur international de la CGT France et Leopoldo TARTAGOLIA de CGIL Italie a rencontré une centaine de travailleurs et retraités de la mine de Boucrâa au domicile de Sidi Ahmed EDDIA. C’est alors que la police marocaine a encerclé la maison où elle a fait irruption à 12h20, mettant fin à la réunion. Après avoir interrogé les syndicalistes et leurs hôtes durant deux heures, la police les a emmenés au commissariat avec Monsieur et Madame Eddia où ils ont été interrogés durant deux autres heures, puis relâchés sans qu’ils aient eu de véritables explications hormis qu’ils troublaient l’ordre public…